sons diverses latitudes, par la faculté qu’ils ont
de changer de température en se portant à des
profondeurs plus ou moins grandes. C’est par
ce moyen sans doute que ceux que les courants
transportent à de grandes distances du lieu où
ils sont nés, contre-balancent ce que les influences
atmosphériques peuvent avoir de désavantageux
pour eux. L’extrême pleine mer , c’est-à-dire une
grande partie de la zone équatoriale, n’est pas
fertile en Zoophytes, qui semblent se plaire davantage
sur les limites des tropiques, principalement
au voisinage des terres : c’est ainsi qu’on en
trouve beaucoup le long de la côte d’Afrique et
sur celle de l’ouest de la Nouvelle-Hollande. La mer
des Moluques en fournit très-peu, bien que la
multiplicité des terres et des eaux calmes soient
des conditions favorables. Nousnepouvonspasbien
nous rendre compte de ce fait, qui ne présentera
qu’une ou deux exceptions. La partie sud de Java,
où la mer est tranquille comme dans un bassin,
ne nous a rien donné non plus. Les eaux de la
Nouvelle-Zélande, des îles des Amis, de la Nou-
velle-Guinée et des îles environnantes, n’ont augmenté
que de fort peu nos collections; il est vrai
que nous fûmes tellement contrariés par la saison,
que nous ne pouvons pas dire que les Zoophytes
s’éloignent entièrement de ces contrées. La plupart
de ces faibles animaux, dont les moyens de locomotion
sont si bornés, se trouvent entraînés par
les courants, qui les réunissent quelquefois en si
grand nombre, que la mer en est comme couverte
et diversement colorée. Il leur arrive aussi d’être
portés sur les terres, où l’ardeur du soleil les tue
lorsqu’ils restent trop long-temps échoués, comme
on le voit tous les jours sur nos côtes par rapport
aux Méduses. Deux fois, à Amboine et à Vani-
k o ro , nous avons été favorisé pour tomber dans
ce que les marins appellent remous de courant,
et y faire une ample récolte.
Nous ne suivrons point un ordre rigoureusement
méthodique dans cet aperçu général; ainsi,
commençant par les Zoophytes pélagiens , que
les eaux de la mer nourrissent et transportent,
nous dirons combien la Méditerranée, qui est à
notre porte, est riche en ces sortes d’étres, pour
qu’une contrariété de quelques jours à en sortir
nous ait mis à même de découvrir, dans le détroit
seul de Gibraltrar, toute une famille, que nous
avons nommée des Diphides, par analogie avec
une espèce principale déjà connue *. Depuis, nous
en avons retrouvé d’autres dans plusieurs mers,
et jusque sur les côtes de la Nouvelle-Hollande.
Ici les données ordinaires manquent pour arriver
à la connaissance intime de ces singuliers être s ,
qui semblent formés de deux parties se mouvant
* Nous en avons donné un aperçu dans les Annales des Sciences naturelles
, t, X , p. 5.