de formes et de couleurs, depuis celles qui ressemblent
à une lentille jusqu’à celles qui, allongées
et découpées en cinq bras, et qu’on nomme
Ophiures, se tortillent en effet commedes serpents.
La fragilité de ces écbinoderraes est extrême : ils
se brisent eux-mêmes dans leurs contractions; sans
ùutre sens que le tact, il est curieux de voir avec
quelle prestesse ils se dérobent à la main qui
veut les saisir. D’antres espèces au contraire,
moins bien organisées, n’ont qu’une locomotion
lente et passagère. Enfin il en est d’énormes, arrondies
en forme de coussin, et qu’on ne peut
quelquefois pas distinguer des roches au milieu
desquelles elles se trouvent. Le jaune, la laque,
le ve rt, le plus beau bleu de ciel, ou toutes ces
couleurs mélangées recouvrent ces animaux.
Les Oursins moins brillants n’en sont pas moins
variés dans leur aspect et leurs teintes. Il n’y a
peut-être pas la dixième partie des individus de
celte gi-ande famille de connue. Toutes les mers
en produisent ; mais la difficulté de les conserver
fait qu’en général on s’en occupe p e u , qu’on ne
récolte que les plus élégants et ceux de taille mé-
tliocre qui peuvent facilement se loger. Il faut
dire aussi qu’il en est dont les baguettes sont si
longues et si délicates, qu’il est impossible de les
avoir entières. Il est de ces animaux condamnés
par des circonstances particulières à ne changer
jamais de place dans les trous où le hasard les à
l'ait éclore. D’autres se meuvent avec une certaine
vitesse. Nous en avons vu de tout noirs avec de
très-longs piquants, et dont la membrane qui
recouvre le corps était marquée en dessus de lignes
veloutées couleur d’émeraude *.
Les voyageurs ne se sont point encore assez
attachés à l’étude des Holothuries. Il est vrai
que pour ces animaux il ne suffit pas de les recueillir,
et qu’il faut encore les dessiner dans
leur épanouissement et avec leurs couleurs; car
une fois racornis dans une liqueur conservatrice,
on ne peut plus en tirer aucun parti pour la détermination
des espèces. Nous remarquerons, qu’il
résulte de nos recherches sur un assez grand nombre
d’individus que tous n’ont pas la même organisation
; qu’il y a des différences assez notables
* Dans les grands voyages, il arrive quelquefois des accidents parmi les
équipages, occasionés par les blessures d ’Ou rsins, q u i , dans les pays
chauds, peuvent déterminer le tétanos et la mort. V o ic i à cet égard un
fait utile que nous tenons de M. A ig u illo n , ancien chirurgien-major de
la marine. Étant dans la mer R o u g e , où ces animaux ab on d en t, un
matelot, en se mettant à l’ eau sans sou liers, eut la plante des pieds remp
lie de piquants qui s’y étaient brisés. Les tentatives de M. Aiguillon
pour les enlever ne faisaient que les enfoncer d a vantage, et il y avait
tant de ces corps qu’il ne pouvait pas se permettre d ’agrandir les ouvertures
])our les retirer. Il était d ’autant plus embarrassé que le malade
souffrait beaucoup. Un A rab e présent demanda à employer le moyen
dont on se sert chez eux en pareil cas. Il frotta la plante des pieds
d’huile ou de graisse; la fit ensuite approcher du fe u , de manière
à la chauffer assez fortement; puis la racla avec une lame de cou teau ,
ju sq u a ce que tous les aiguillons fussent sortis. Ce procédé réussit
complètement : toutefois nous [»ensons qu’il est des baguettes tellement
configurées qu’ello.s pourraient très-bien résister à un semblable procédé.