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pur, clans lequel nous jetions les Poissons que
nous nous procurions, après leur avoir ouvert le
ventre, sans endommager les intestins. On ne vide
en partie que ceux qui les ont remplis d’excréments
et de vase. Encore faut-il clierclier à les
conserver avec tous leurs viscères, quand ce sont
des espèces j’ares. Ceux qui ont de brillantes couleurs
doivent être dessinés sur-le-champ, ou au
moins décrits, si cela n’est pas praticable.
Ces Poissons demeurent ainsi pendant toute
la relâche, c’est-à-dire i5 à 20 jours, après quoi
ils sont changés de liqueur, et placés par ordre
dans des bocaux dont ils ne doivent plus sortir.
Il faut éviter de trop les entasser, pour qu’ils ne
se gâtent pas. Les bouchons de liège, préparés
d’avance dans le p o r t, étant bien adaptés et lutés
avec du brai sec, qui est la composition la plus
commode et la plus simple dont on puisse se servir
, on forme des caisses qui ne doivent pas dépasser
deux pieds au carré. Mieux vaudrait, si
cela était possible, avoir des caissons dans lesquels
on pourrait examiner quelquefois l’état de conservation
des animaux; car si le navire est d’une
petite dimension, il n’est pas toujours facile d’avoir
les caisses sous la main, pour en renouveler
l ’esprit-de-vin. C’est ainsi qu’il nous est arrivé de
perdre plusieurs bocaux de Poissons.
Après huit mois ou nn an, selon la chaleur
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des latitudes qu’on parcourt, il faut changer la
liqueur, et enlever les individus dont l’altération
pourrait gâter tous ceux d’un vase.
Dans les pays extrêmement chauds, il arrive
quelquefois qu’on apporte de loin des Poissons
curieux, mais déjà altérés. 11 faut alors les fendre
dans presque toute leur longueur, en enlever le
plus de chair possible, sans altérer la peau, et les
conserver ainsi dans l’esprit-de-vin le plus fort.
De toutes les parties de la Zoologie, c’est celle
qui demande le plus de soin, et pour laquelle il
faut réserver l’alcool le plus fort. On s’en munit
bien en partant d’une assez grande quantité;
mais, à moins que d’avoir un très-grand navire,
on ne peut en prendre pour toute une campagne.
Toutefois dans l’état actuel des choses, on trouve
du rum ou de l’arak dans presque toutes les
relâches où l’on s’arrête pour y faire des vivres, et
l’on peut facilement renouveler sa provision. En se
servant de ces liqueurs, dont la force ne dépasse
guère dix-huit ou dix-neuf degrés, il faut les changer
plus souvent, et prendre garde de ne pas
mettre trop d’animaux dans chaque vase. Sans
connaître bien précisément les rapports du liquide
à la masse de l’objet à conserver, nous croyons
que lorsque ce dernier sera enveloppé de trois
fois son volume, il sera dans le cas d’être parfaitement
et long-temps conservé.