Nous sommes les premiers qui, dans notre premier
voyage, avons fait connaître les animaux des
Tubipores, que jusque-là on croyait appartenir à
quelque Annélide.
Nous n’ajouterons rien à ce qui a été dit, en
parlant du Tubipore Musique, de cette multitude
de petits cylindres perpendiculaires et parallèles,
rapprocbés sans se to u ch e r , et réunis entre eux
par des cloisons transverses qui leur sont extérieures.
Ces cloisons, sécrétées par le bord du
manteau des Polypes, sont de même nature que les
tubes, c’est-à-dire membrano-calcaires, durcissant
à l’air ; ce qui fait qu’à l’aide de ces moyens d’union,
les Tubipores forment réellement de grosses
masses pierreuses. A mesure que ces Zoophytes
s’élèvent, ils abandonnent la partie inférieure de
leur tube, et multiplient les lamelles qui les unissent
les uns aux autres. Il arrive quelquefois que
ces sortes de diaphragmes forment des plans horizontaux
assez réguliers, surtout dans le Tubipore
Musique. Il n’en est pas de même dans
l’espèce nouvelle que nous donnons, dont les tubes
sont plus gros, plus longs, légers, moins serrés,
et offrant des cylindres de deux à trois pouces,
sans noeuds. Leur couleur est du reste la même ;
c’est un joli rouge v if de laque, qui ne paraît
nullement dans la me r , parce que les Polypes,
toujours étalés et confluents, la masquent; à tel
point, que n’ayant vu qu’un Tubipore à tentacules
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verts, nous ne reconnûmes pas d’abord pour tel
celui cpii nous occupe, lorsque nous arrivâmes
snr la masse considérable et arrondie qu’il formait.
En y enfonçant le pied, tous ces tubes fragiles se
brisaient comme du verre.
Les Polypes, comme Findique leur nom spécifique,
sont légèrement rougeâtres, à huit tentacules
lancéolés, pointus, pinnés sur les bords. Ils débordent
et forment un bourrelet plissé à l’ouverture
de leur tube, qui dans cette partie, non encore
solidifiée, est presque membraneux. Ce bourrelet
varie de forme selon le plus ou le moins de développement
des tentacules, qui rentrent quand on
les touche, à peu près comme cela a lieu dans uu
doigt de gant qu’on replie. Nous avons figuré
d’après nature ces divers aspects, et nous renvoyons
pour plus de détails au Mémoire inséré
dans la Zoologie de l’Uranie. , oû l’on voit la disposition
des ovules dans ces animaux *.
Le Tubipore rougeâtre habite le havre Carteret,
à la Nouvelle-Irlande. Il y formait une
masse arrondie, de plusieurs pieds de diamètre,
recouverte d’un à deux pieds d’eau, dans les plus
basses marées. Celui que nous prîmes autrefois à
Timor était situé moins profondément, et pouvait
même être à sec pendant quelque temps.
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* c 'e s t à to r t q u e d an s c e l iv r e n o u s a v o n s fa it d i r e , d ap r è s d a u t r e s , à
M . R o u x d eM a i- s e i lle , q u e le T u b ip o r e M u s iq u e e x is ta it d an s la M é d ite r ra
n é e . I l n o u s a assuré q u ’ i l n ’ y av a it r ie n d e c e r ta in à c e su je t .