M. de Blainville, après avoir examiné ce singulier
animal, l’a rangé parmi ses Polypes douteux,
avec les Plumatelles et les Cristatelles, avec lesquelles
il a en effet beaucoup de rapports.
Déjà, dans notre premier voyage snv l’Uranie,
ce corps avait fixé notre attention, et nous ne
savions pas si c’était un polypier ou une Tbalassio-
pliyte. Mais en embarquant les canots de l’Astrolabe
, ayant vu qu’ils étaient couverts de cette
substance, développée dans l’espace d’un peu
plus d’un mois, nous pensâmes que cette rapidité
d’évolution ne pouvait être végétale, et devait
appartenir à un animal. En effet, en examinant
dans l’eau et à la loupe ces masses enchevêtrées,
nous vîmes qu’elles étaient couvertes de Polypes
qui s’épanouissaient et rentraient alternativement.
Nous rendîmes M. le capitaine d’U rville, à qui
l’étude de l’histoire naturelle est familière, témoin
de cette découverte.
Dans la mer, le Dédale forme une masse de petits
tubes cylindriques, longs de plusieurs pouces, de
la grosseur d’une plume de pigeon, embrouillés
les uns dans les autres, anastomosés entre eux,
composant des noeuds d’où partent des groupes
de quatre à cinq tu y a u x , allant former avec
d’autres une sorte de labyrinthe. Le long des
tiges, mais le plus souvent aux extrémités des
rameaux , et de chaque c ô té , sont des Polypes
plus ou moins nombreux , contenus dans des
ampoules en forme de gland, ridées à leur base,
à ouverture rétrécie. L’animal a de huit ou dix
tentacules blancs, en plumet, recourbés vers la
pointe. M. de Blainville, qui paraît l’avoir examiné,
y a reconnu, comme dans les Eschares, un oesophage
, un estomac entouré d’un foie, et un
viscère en communication avec lu i , qu’il pense
être l’ovaire. Les Polypes sont très-irritables, mais
les branches ne donnent aucun signe de vie. Elles
ont un canal central,’ avec lequel communiquent
probablement les ampoules, sans que nous ayons
pu nous en assurer. Au point de leur anastomose,
elles forment comme des noeuds qui paraissent
articulés.
La couleur du polypier est un mélange de
blanc et de roussâtre ; cette dernière teinte est
produite par le foie ou les ovules, qui sont renfermés
dans les ampoules.
Ce Zoophyte est très-abondant dans le trou
Fanfaron de l’île de France; nous ije l’avons trouvé
dans aucune autre partie: apparemment parce
qu’il paraît demander des eaux paisibles pour se
développer. Il s’attache, en masses plus ou moins
considérables, aux vaisseaux stationnés dans ce
lieu.