
L e T roupiale commandeur, h . A . Ph&~
niceus. A . Niger ; alarum tectricibus rubris et fuL
vis ; rostro pedibusque nigris.
Noir ; tectrices des ailes rouges et fauves ; bec
et pieds noirs. (P/, \66.fig. 4.)
On rencontre cette espèce dans l’Amérique
septentrionale, depuis le Mexique jusqu’à la
Nouvelle-Ecosse, et même au-delà; mais on
ne la trouve point aux îles Antilles. Elle passe
l’hiver dans le sud des Etats-Unis, et elle revient
vers les premiers jours de mars dans les
provinces du nord. On a remarqué que les mâles
y arrivoienr seuls et les premiers en bandes plus
ou moins nombreuses; tandis que les femelles,
de même en troupes, s’y montroienc un peu plus
tard que ceux-ci. D ’après cette séparation des
deux sexes, à leur retour du sud, on a cru pendant
long-temps qu’ils constituoient deux espèces
distinctes, d’autant plus que les femelles
portent une livrée très-différente de celle des
mâles, et qu’elles ont une taille plus petite; mais
présentement on reconnoît oette méprise, dans
laquelle sont tombés Brisson et tous les auteurs
qui ont fait de la’femelle une espèce particulière,
sous le nom de Carouge tacheté ( Qriolus mela-
nokuùus ) ; mais ce n’esc pas le Troupiale tacheté
que Gmelin et Latham lui ont rapporté; car
celui-ci n’est autre;que le Troupiale de là Guyane
dans son premier âge.
Tous les Commandeurs qui habitent péndant
la belle saison dans le nord des Etats-Unis,
mâles, femelles et jeunes, émigrent ensemble
de ces éontteesy Sont a la'Louisiane en bandes
si nombreuses, qu’à l’arrière-saison et pendant
l ’hiver, on peut en prendre jusqu’à trois cents
d’un seul coup de filer, et qnun habitant de
cette contrée, cité par Mauduyt, a rassemblé
pendant un seul hiver quarante mille de ces
plaques rouges y dont la partie antérieure des ailes
des mâles seuls est décorée. D ’après ce fa it ,
on doit juger de leur extrême quantité dans la
Louisiane î'ces p/tfçaer étoient autrefois très-recherchées
des femmes, pour en faire des garnitures
de robes.
Ces Troupiales 3 à leur retour du S ud, fréquentent
les marais isolés des états de New-
Y orck et du New-Jersey, où ils se npurrissent
alors des graines de la zizanie aquâtique. A mesure
qu’ils'se transportent dans des régions plus
boréales ; les bandes deviennent moins nombreuses,
parce que chacun rerourne au lieu de sa
naissance et Va se fixer au milieu des plantes
aquatiqûés^ dont le pied baigne continuelle-
\ ment dans l’eau. Ces oiseaux fréquentent peu*
darrt le jour les champs et les prairies, erse reti-
* rent le soir dans les marais et les roseaux, pour
y passer la nuit. Quoiqu’appariés, ils se tiennent
toujours à peu de distance les uns des autres ; la
recherche de leur nourriture, l’amour même, ne
jettent point la discorde parmi eux : d’un naturel
très social, ils vivent ensemble d’un commun
accord. î
L e mâle possède des qualités sociales dignes;
de remarque : telles sont l ’intelligence,.la docilité
, l’aptitude à imiter des voix étrangères, soit
qu’on le tienne en cage, soirqu’on le laisse courir
dans la maison. Des Américainsde distinguent
du Qu'tscale versicolors par le nom de Swamp
blackbird ( Oiseau noir des mardis ) 7 d’autres
l ’appellent Mah{è thief [ voleur de mais) ; dénomination
qu’ils donnent aussi à ce Quiscale, et
qui convient très-bien à l’un et à l’autre ; car,
réunis ou isolés, ils font de grands-dégâts dans
les champs de maïs, en déterrant les grains de
cette plante lorsqu’elle commence à germer, et
en la recherchant avec soin lorsqu’ils-sont près
de leur maturité, parce qu’à ces deux époques, cette
substance est moins dure et d’une macération
plus facile ; ce qui-avoir donné lieu autrefois de
mettre Iêtsr cête à prix; mais depuis on les a
laissés tranquilles,, parce qu’on a reconnu qu’ils
contre-balançoient au moins, par leur utilité, les
pertes qu’ils pouvoient occasionner, en détruisant
les insectes et les vers, q ui, par leur multiplicité,
étoient devenus un fléau beaucoup plus à craindre
pour l’agriculture que ces oiseaux. Néanmoins,
c’ést un malheur d’avoir un champ de
blé de Turquie aux environs de la retraite habituelle
de ces TroupialesT car ils le dévastent en
peu de temps, pour peu qju?ils soient en nombre.
Rien ne peut leur faire abandonner celui qu’ils
veulent ravager , rien' ne les épouvante ; si le
bruit de l’arme à feu,, ou la mort de leur semblable,
dont on en tue souvent douze et plus
d’un seul coup de fusil, d’après leur manière de
V voler et de se percher, les en éloignent, cen’est
que pour un moment, et ils y reviennent aussitôt
avec la même ardeur; seulement ils se tiennent
plus sur leurs gardes, et semblent avoir
alors des sentinelles qui avertissent la troupe du
danger. A leur premier cri d’alarme, qui paroïc
exprimer le mot kouik 3 et qu’ils ne jettent que
lorsqu’ils sont inquiétés, toute la bande s’enfuit,
s’élève à une cettaine hauteur, et décrit plusieurs
cercles dans les environs, comme pour s’assurer
» de la réalité du péril ; et si elle le juge immi-
■ nent, elle s’éloigne à une grande distance, et,
•revient à sa pâture ordinaire , aussitôt qu’elle
croit y être en sûreté.
Ces oiseaux ont le vol v if, droit et élevé ;
ils se tiennent rrès-sçrrés lorsqu’ils volent: et se
perchent très-près les uns des autres, dans les
roseaux, leur demeure habituelle, ou à la cime
des arbres, et tous se posent sur le même, s’ils
y trouvent assez de place. Leurs cris sont aigus ;
leur ramage est sonçre et 11’a rien de désagréable.
Leur nid, qu’ ils placent souvent dans un endroit
impénétrable, est comme suspendu entre
des roseaux, dont ils entrelacent les feuilles pour
en faire une espèce de comble. Les matériaux
qu’ils emploient pour la construction , sont des
herbes grossières, liées ensemble avec de la,
terre, qui donnent à son contour et à sa base
beaucoup de solidité et d’épaisseur. Cette sorte:
de batifodage est garni en dedans de filamens,
de racine* et d’herbes fines et mollettes. C e nid
est placé à une hauteur si bien mesurée, qu’il se
trouve toujours au-dessus des crues d’eau ordinaires.
Lorsque les roseaux ne présentent pas-à ces
oiseaux les commodités qu’ils recherchent, ils
nichent sur les arbrisseaux, et toujours suc ceux
qui sonr dans les lieux marécageux. Ils font ordinairement
deux pontes par a n , et chacune esc
de cinq ou six oeufs d’un gris-blanc, parsemé de
taches sombres, et carrés à l’axe.
La plaque rouge du mâle a valu à cette espèce,
de la part des Espagnols du Mexique, le nom de
Commendador3 d’après quelques rapports entr’elle
et la marque d’u.11 ordre.de chevalerie. Les Mexicains,
l’appellent Acolchichij et les. Français de
l’Amérique septentrionale, lui trouvant plusieurs
traits de conformité dans son plumage et ses haï
bitudes avec notre Etourneau 3 lui en ont imposé
le nom ; cependant ce n’est point un oiseau du
genre de ce dernier, quoiqu’au. Muséum d ’histoire
naturelle on l’y ait placé, car il porte un
bec très-différent de celui de l’Etourneau.
Le haut de la plaque qui esc sur la partie antérieure
du mâle, présence un rouge de cerise, et
le bas, un jaune-chamois pâle ; tout le reste du
plumage esc d’un noir pur, qui jette quelques
rdL.es bleus et verdâtres ; l’iris; est jaune. L e bec
diffère de celui des autres Troupiales en ce qu’il
est ciselé,.avec un petit enfoncement à la base de
sa partie supérieure. T e l est le mâle dans l’âge
avancé; mais dans ses premières années, une
partie des plumes du corps,, les couvertures supérieures
et les pennes des ailes sont plus ou moins
bordées de blanc:-; les épaulettes d’un roux-orangé
et terminées pa>r une teinte de feuille-morte. Le
jeune mâle a , jusqu’à^a première mue, presque
toutes les plumes bordées de roux et de blanc
sur un fond noir ; celles de la plaque sont de cette
dernière couleur dans le milieu, et d’un orangé
foncé sur les bords.
L a femelle a six pouces crois quarts de longueur
totale; le bec noirâtre en dessus, jaunâtre
en dessous ; les sourcils, de la dernière teinte ;
toutes les parties supérieures, d’un brun foncé,
varié de taches longitudinales blanches sur la
t ê t e , , d’un blanc qui tend au jaune sur le corps,
et plus sombre sur la poitrine et sur le ventre ; la
couleur blanche* prend un ton roux à la base du
bec et sur le devant.du: cou ; les couvertures supérieures,
de: l’a ile,. ses, pennes et celles de la
queue sont brunes et bordées en dehors d’une
teinte pâle ; quelques plumes du haut de l’aile
sont rouges, mais d’une nuance moins vive que la
plaque du mâle. Les jeunes femelles ne diffèrent
des femelles adultes qu’en ce que leurs couleurs
sont plus claires et qu'elles ne portent aucun indicé
des épaulettes. Brisson y Ornith. ton\. 1.
p . 97. n. 1 1 ( Troupiale. à.ailes rouges). Buffon 3
Hist. nat. des Oiseaux 3 tom. 3. p. 1 14 . pl. enl.
n. 40 1. Latham 3 Index 3 n. 14 ( Oriolusph&ni-
ceus). V Amérique septentrionale.
L . 8. E.. P,. R . i i .
* L e T r o u p i a l e d o r e . i z . A. Xmthornus. A.
Lut eus ; gulâ y remigibus> reccricibus3 rostro pedibusque
nigris.
Jaune ;: gorge , rectrices,, rémiges, bec et
pieds noirs., (P l . i6 S . Jig. 4 , sous le nom de
Petit cul-jaune),
On trouve cette espèce à Cayenne, et quel-
quefois.dans les grandes: îles Antilles. Le mâle a,
dit Mombe.Uiard, un jargon à peu près semblable
à celui de notre Loriot3 et pénétrant comme
celui.de notre Pie. Il suspend son nid en. forme
de bourse à l'extrémité des branches, surtout de
celles qui sont longues, dépourvues de rameaux
et qui soin: penchées sur une rivière. Dans chaque
nid il y a de petites séparations , où sont
autant de nichées. C e Troupiale, rusé et difficile
à surprendre, a la tête, le cou çt tout le corps
4’un jaune-doré ; la gorge, les pennes des ailes
et de la queue, noires ; quelques-unes des grandes
couvertures alaires terminées de blanc. Latham 3
Index, y n. 16 ( Oriolus xanthornus). Brisson 3
Qrnithùlf tom* 1. p. 118. n. 1 3 ( Carouge du Alexi*
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