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copulations avec une femelle de Cochon ordinaire,
il mourut aussitôt après son arrivée à bord. Nous
l’avons conservé en entier dans l’esprit de vin.
Le procédé de M. Lang est d’autant plus généreux
, qu’il n’était pas siàr que l’Astrolabe pût revenir
aux Moluques , et qu’il n’a cédé à aucune des
instances qui furent employées pendant notre absence,
pour lui faire donner un animal qu’il nous
avait promis.
Dans les Moluques, les Babiroussas sont à l’état
sauvage. Ce n’est qu’en les prenant jeunes qu’on peut
les réduire à l’état domestique, et qu’on parvient à
affaiblir un peu leur rudesse. Dans le jeune âge, il
est même assez difficile de les distinguer des autres
petits Cochons, car celui de M. Lang lui avait été
donné comme tel ; et ce n’est que lorsqu’il vil pousser
.les défenses qu’il le reconnut pour un vrai Babiroussa.
Ces animaux distinguent très-bien ceux qui
les soignent; ils sont même susceptibles d’affection
et de reconnaissance. C’est ainsi que nous avons vu
notre jeune individu, presque mourant, venir caresser
son maître, en agitant les oreilles et la queue. Célèbes
est une des îles qui en contiennent le plus. Les Rayas
en font grand cas comme objet de curiosité, et ils les
nourrissent pour en faire des cadeaux. Nous estimons
que les nôtres avaient, dans le pays même,
la valeur de 3,000 francs.
Nos deux individus, qui sont actuellement dans la
ménagerie du Muséum, s’aimaient beaucoup. La femelle
a toujours conservé un caractère plus farou-
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che que le mâle qu’elle caresse, taquine et mord
quelquefois. Elle paraît en être jalouse, car lorsque,
dans la loge intérieure de l’éléphant, nous prenions
les dimensions du mâle, elle vint par derrière chercher
à mordre et tirer nos vêtemens. Ces animaux
exigèrent beaucoup de soins pour être transportés
des Moluques en Europe. Lorsque nous doublâmes
le cap de Bonne-Espérance, on les mit prudemment
dans la cale du navire. Si la température s’abaissait,
on les voyait frissonner et se tapir. En France , dans
l’été même, ils cherchent à se mettre sous la paille.
Lors de notre arrivée, nous les laissâmes à ftlarseille
jusqu’à ce que la saison devînt plus chaude. Nous
craignions d’abord qu’ils ne multipliassent pas, à
cause de leur excessif embonpoint et de l’âge du mâle
qu’on suppose un peu vieux. Heureusement que nos
craintes n’ont pas été fondées. Le 11 mars dernier, la
femelle a mis bas un mâle dont la livrée est d’un brun
presque noir. Depuis lors sa méchanceté a augmenté.
Le prince de Salerne, qui accompagnait le roi de
Naples à la ménagerie, fut attaqué par elle et eut
une portion de son habit enlevée ; et plus l’écemment
encore l’un de nous a eu la main déchirée par cette
femelle. Les Babiroussas se nourrissent des mêmes
substances que les Cochons, c’est-à-dire qu’ils mangent
de tout, même de la viande dont ils rongent les
os en les tenant entre leurs pâtes comme font les
Chiens. Mais ils préfèrent les pommes de terre et
la farine délayée dans l’eau.
Leur grognement n’est pas toul-à-fait celui du Co