J ï
li«-
t J i
répondre, car nous n’entendions pas leur langage.
Dès que la rencontre s’opérait, ils venaient à nous
les premiers en gesticulant et en parlant beaucoup ;
ils poussaient de grands cris , et, si nous leur répondions
sur le même ton, leur joie était extrême. Bientôt
l’échange de nom avait lieu, et ils ne tardaient pas
à demander à manger, en se frappant sur le ventre.
Dans une nuit passée au milieu d’eux à te rre , nous
obtînmes assez facilement les mots les plus usuels de
leur vocabulaire, et ils ne cessèrent de nous montrer
les dispositions les plus bienveillantes.
Si notre approche n’a point effarouché ces tribus ,
si elles se sont empressées de communiquer avec
nous, si nos armes à feu ne les ont point effrayées,
nous devons l’attribuer à la présence des Anglais qui
fréquentent et habitent même ces parages pendant
une grande partie de l’année pour la pêche des phoques
; mais si nous n’avons pas vu les femmes des indigènes
, il faut probablement encore en chercher la
cause dans la présence de ces mêmes Anglais qui en
ont enlevé plusieurs pour leur propre service. Elles
leur sont d’ailleurs de la plus grande utilité quand il
s’agit de leur procurer leur subsistance, soit en prenant
des poissons, des coquillages, des lézards, e tc .,
soit en chassant avec les chiens et même avec le fusil.
Elles deviennent promptement habiles dans ce dernier
exercice. Une fois que ces malheureuses femmes
ont perdu le souvenir de leur liberté, dans laquelle cependant
elles sont maltraitées par leurs maris, elles
ne peuvent que trouver agréable la vie qu’elles mènent
avec les Européens qpi ont pour elles beaucoup plus
d’égards. Nous tenons de quelques pêcheurs , abandonnés
par leur navire plus long-temps qu’ils ne pensaient
, qu’elles leur ont été d’un extrême secours, et
que sans elles ils seraient peut-être morts de misère.
ILE DE VAN-DIÉMEN.
Nous n’avons vu que quelques habitans de cette
terre, qui deviennent de jour en jour plus rares.
N’ayant point voulu profiter de quelques avantages de
la civilisation, ils ont été refoulés dans leurs forêts,
et il s’est élevé entre eux et les Anglais une guerre à
mort dans laquelle ils doivent nécessairement succomber.
Ils finiront, n’en doutons point, par disparaître
du sol que la nature leur avait départi.
Ce peuple diffère étonnamment des naturels de
cette partie de la Nouvelle-Hollande dont il n’est séparé
que par le détroit de Bass. Il diffère encore plus
de la race papoue et de ses nuances diverses. Il n’a
d’autres rapports avec elle que ceux de la couleur. Il
n est pas de tete et de physionomie qui se rapproche
davantage de celle du Nègre d’Afrique, mais avec
des modifications qui sont à l’avantage de ce dernier,
car il est loin d’avoir, en général, le nez aussi
écrasé et les lèvres aussi grosses et aussi saillantes.
Les cheveux des habitans de Van-Diémen sont courts
et laineux. Les femmes que nous avons vues sont dans
1 habitude de se raser la tête. Ces différences n’ont
point échappé à MM. de Labillardière et Péron ; elles