![](./pubData/source/images/pages/page44.jpg)
y
nez, ce qui fait paraître cet organe coimne écrasé à sa
racine ; singulière ressemblance avec celui de l’Oraiig-
Outang. Par cette disposition, les bosses orbilaires ,
déjà très-bombées, le paraissent encore davantage.
Le nez lui-même est très-épaté ; ils en augmentent
l’élargissement par d’assez longs bâtonnets qu’ils se
passent en travers dans la cloison. Quelques-uns se
percent les ailes du nez et y suspendent d’assez lourds
anneaux d’écaille de tortue. Le maxillaire inférieur n’a
rien de remarquable. La forme bombée du front fait
que leur angle facial n’est point tfop aigu. L’oeil est
assez grand, ovalaire, enfoncé ; le globe est saillant
et ressemble pour la forme et la couleur à celui des
Nègres ; les lèvres sont grosses, le menton est petit.
Les hommes âgés ont la tète nue et les cheveux courts;
l’oreille n’aurait rien d’extraordinaire si ces insulaires
n’en perforaient le lobe et ne dilataient l’ouverture
de manière à y passer le poing. Lorsqu’un accident
rompt cet anneau, ils en percent un autre dans la lanière
la plus considérable ; et ce qui est très-singulier,
c’est que ces parties qui sembleraient devoir s’amincir
en raison de leur extension, prennent très-souvent au
contraire, par des attouchemens et des liraillemens
continuels, une augmentation de volume qui pourrait
représenter huit ou dix fois celui du lobe. Les membres
inférieurs, grêles dans les uns , sont assez bien nourris
chez d’autres ; le mollet est placé un peu h a u t, et
le calcanéum chez beaucoup d’individus fait une saillie
assez remarquable, ce qui est un nouveau rapport
avec le Nègre, que ne présentait pas la race polynésienne.
Leurs cheveux sont crépus , et bien qu’ils ne
les coupent pas , ils ne prennent jamais en masse un
grand accroissement ; ils les tiennent enveloppés dans
une pièce d’étoffe qui leur pend jusqu’au bas du dos;
c’est ce qui d’abord semble donner plus de développement
à leur chevelure. Ils façonnent en très-grands
anneaux l’écaille de tortue et en suspendent jusqu’à
près d’une demi-livre à chaque oreille. Du reste ils
seraient entièrement nus sans l’étoffe étroite qui cache
à peine leurs parties génitales. L’usage du bétel leur
détruit les dents et rougit désagréablement le contour
de la bouche.
Les femmes sont d’une laideur effrayante. Ces peuples
, comme tous ceux qui habitent par de semblables
latitudes, sont sujets à la lèpre, maladie qui s’offre
le plus souvent sous la forme d’éléphantiasis. Le vieux
chef de Manévé avait la figure couverte de pustules ulcérées
et suppurantes.
L’ile de Vanikoro , d’environ douze lieues de to u r,
peut avoir une population de mille à douze cents ames
dont nous avons vu plus des deux tiers. Dans ce grand
nombre d’individus à peine pourrions-nous en citer
quelques-uns de remarquables par le développement
de leurs formes. Ils sont, en général, petits et grêles.
Ces misérables peuplades, divisées et constamment
en guerre entre elles , habitent sur le bord de la mer
un sol bas et marécageux dont ils doivent à la longue
ressentir l’influence, comme nous l’éprouvâmes nous-
memes si vivement durant le court séjour que nous
fîmes dans cette île.