harmonie les individus et le temps ne sont rien. Le
phénomène finit toujours par s’opérer, quelles que
soient d’ailleurs la distance et les difficultés qui le retardent.
Comme il suffit d’avoir vu la race jaune poim en reconnaître
l’identité partout où elle se trouve, il est peu
nécessaire, pour confirmer cette identité, de joindre
aux caractères zoologiques la description des moeurs
ou les similitudes de langage. Ce dernier moyen n’est
pas même toujours concluant, car il arrive quelquefois
que lorsque la race noire et la race jaune se trouvent
réunies dans le même archipel, sur des îles séparées,
elles parlent à peu près la même langue, comme cela
a lieu entre les îles des Amis et les îles Viti, entre
Vanikoro et Tikopia.
NOTE SUR LES ALFOURS DE CÉlÈbES.
A la Nouvelle-Guinée, à V aigiou, dans toutes les
Moluques, on nomme Alfours, Alfourous, Alforèses
et Haraforas, des hommes qui habitent dans l’intérieur
des terres , sur les montagnes. Ils diffèrent sensiblement
des Papous ou des Malais qui occupent le
littoral. Cette race, qui paraît fort ancienne et qui
pourrait bien être autochtone, est loin d’être partout
identique.
Voici ce que nous avons vu à Célèbes, grâce à
l’obligeance de M. le gouverneur Merkus, qui nous
donna les moyens de faire un charmant voyage au
lac de Tondano , situé sur une montagne du comptoir
de Manado, à plus de deux mille pieds au-dessus du
niveau de la mer. Sur ce lac est un grand village
peuplé d’Alfours qui vivent sous la domination hollandaise.
Nous ne fûmes pas peu surpris de voir en ce
lieu une race d’hommes différente de la race Malaie,
remarquable d’abord par une plus grande blancheur
de la peau et par la coupe arrondie du visage. Il y a
fort peu d’exceptions quant à ce dernier caractère.
Leurs yeux sont ovales, bien faits , et ne tiennent en
rien de ceux des Chinois , ainsi qu’on peut souvent le
remarquer dans ces organes chez les Malais. Leurs
cheveux sont noirs , lisses, et très-longs , plus particulièrement
encore chez les femmes. Les hommes
n ’ont point de barbe ou n’en ont que fort peu. La
teinte blanche de leur peau est d’autant plus claire
qu’ils habitent les montagnes où la température est
fraîche et le ciel hissez souvent couvert de nuages.
Ceux qui se tiennent dans la plaine ou sur le bord de
la mer ont une couleur un peu plus foncée, mais qui
ne peut jamais être confondue avec celle des Malais.
Les enfans provenant d’un Européen et d’un Alfour
ont des formes très-agréables, comme nous l’a montré
une jeune personne remarquable aussi par la beauté
de ses yeux. Les Alfours sont de petite taille, bien
faits et alertes; les hommes du peuple vont presque
nus : une pièce d’étoffe leur cache seulement la partie
moyenne du corps. Quelques-uns d’entre eux portent
des chemises. Les femmes sont vêtues. Les chefs ont
pris le costume européen dans lequel ils ont l’air empesé,
ou bien ils sont velus à la mahoraélane, ce qui leur
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