différence qu’ils peuvent présenter avec les habitans
de Dorey lient plus à l’usage de se barbouiller la
figure de blanc et de rouge, à celui de se teindre les
cheveux de plusieurs couleurs , qu’à des caractères
réels et bien tranchés. Voici du reste la note qui les
concerne, tirée de notre journal et faite à l’anse
même où était mouillé notre navire. Ils ont la taille
médiocre , le ventre gros et les membres grêles. La
face est élargie par la saillie des- pommettes. Le nez
est épaté ; ils s’en percent les deux ailes pour y passer
des dents de cochon qui divergent comme de petites
cornes , ce qui leur denne un aspect tout-à-fait singulier.
Ils ont les yeux petits et un peu obliques, et
n’ont presque pas de barbe ; leurs cheveux sont
noirs et disposés par petites tresses. Ces hommes
peu industrieux sont entièrement nus el paraissent
fort misérables. Quoique habitant sous une belle latitude
, par 4° S u d , ils ne savent point tirer parti pour
leur bien-être de l'admirable végétation qui les environne.
Ils paraîtraient au contraire en recevoir une
influence funeste pour leur développement, et se
ressentir de l’atmosphère humide dans laquelle ils
sont si fréquemment plongés , et qui nous contraria
beaucoup pendant les quinze jours que nous demeurâmes
au hâvre Carteret.
ILE VANIKORO.
Il paraît que la race noire du Grand-Océan , dont
le point central est la Nouvelle-Guinée, a , par des
migrations successives, gagné la Nouvelle-Brelagne,
la Nouvelle-Irlande , les archipels de Salomon et de
Santa-Cruz, les Nouvelles-Hébrides, la Nouvelle-
Calédonie et les îles Viti. La seule île de Tikopia , située
entre les Nouvelles-Hébrides et les îles de Santa -
Gruz , est peuplée par des hommes de la race jaune,
comme nous l’avons vu précédemment.
L’île de Vanikoro ou Vanikplo, devenue à jamais célèbre
par la perte des vaisseaux de La Pérouse, appartient
à l’archipel de Santa-Cruz. Elle est située par
11°40’ de latitude Sud et 164°32’ de longitude à l’Est
de Paris. Nous devons avouer qu’ici la variété de l’espèce
noire est des plus grandes, et qu’elle se rapproche
autant du type nègre proprement d it, que du papou,
ainsi qu’on peut le voir dans la planche n° 3 ; mais il
s’y joint un autre caractère que nous n’avons trouvé
nulle p a rt, c’est la compression latérale et naturelle
de la tête produite par la saillie du coronal très-bombé
en devant el par la forte arête que décrit la ligne
courbe temporale *. Leurs cheveux n’avançant point
sur le front, le soin qu’ils prennent de les relever et de
les rejeter en arrière rend toutes ces parties bien visibles.
La saillie des pommettes, qui est assez considérable,
rend le diamètre transversal de la face plus
grand que celui du crâne. Un autre caractère non
moins remarquable encore est la dépression des os du
* Ce rétrécissement très-apparent n’est cependant que relatif, comme il
a été facile de s’en convaincre par des mesures prises avec un compas courbe
sur une quinzaine d’individus, et comparées ensuite, avec les dimeiLsioiis de
cette partie, sur des hommes de notre équipage.
G*