RAPPORTS DE L’INSTITUT.
doubles; tel qu’il e st, nous l’avons trouvé encore rempli
d ’intérêt.
On y remarque divers Oiseaux rares, dans la liqueur, et
susceptibles, p a r co n séq u en t, d ’être encore examinés sous
le rap p o rt de l’anatomie, précaution trop souvent négligée
p o u r cette classe, parce q u ’il est possible d ’en apporter
les peaux, et que l ’on croit communément q u ’elles fournissent
des renseignemens suffisans.
On y trouve aussi des espèces d ’Otaries et d ’Hypsi-
primnus qui paraissent nouvelles, et quelques Oiseaux en
peau qui manquaient au Muséum. Parmi les pièces ostéo-
logiques se trouvent le crâne d ’un squelette d ’Otarie
adulte, le squelette d ’un jeune Céréopsis, et la tête osseuse
mais incomplète d ’im Koala, genre de Marsupiaux que
nous ne possédons point encore au Muséum d ’histoire naturelle,
et diverses têtes oumâchoires dePhoques, de Squales
et de Poissons peu connus. La partie la plus riche de cet
envoi est celle des Poissons contenus dans la liqueur. 11 y
a plus de deux cents individus, formant au moins soixante
douze espèces, do n t peut-être un tiers nous o nt encore
p a ru nouvelles, malgré les longues recherches que nous
avons faites sur cette classe d ’animaux, et les nombreuses
suites que nous en avons recueillies. On remarquera surtout
dans le nombre le Squale à sept évens et le Squale de
P h ilip , q u i , bien que d é c rits , n ’existaient pas encore au
Muséum.
La partie des Mollusques nus et des Zoophytes est aussi
fort in té ressan te , et ce qui en double le prix, ce sont les
ligures que nos naturalistes en o nt fait fa ire , et les descriptions
q u ’ils en ont rédigées d ’après l’état de vie. Sachant
que cette sorte d ’êtres se flétrissent plus ou moins;
aussitôt q u ’ils sont sortis de leur élément, ils n ’o nt pas
voulu s’en rap p o rte r à ce qu’ils en ont conservé ; mais ils
se sont empressés de fixer sur le papier to u t ce qui était
dans le cas de disparaître, se réservant d’examiner plus en
détail, par la su ite , les parties intérieures et les autres détails
que l’alcool n ’aura po in t détruits. C’est encore là une
de ces précautions qui nous m o n tren t en MM. Quoy et
Gaimard des hommes expérimentés et désireux de ne rien
négliger de ce que la na tu re leur offre.
C’est ce recueil de descriptions et figures q u ’ils ont
principalement adressé à l’Académie, et do n t nous sommes
chargés de ren d re compte ; mais n o tre devoir est de commencer
ce compte en transcrivant un passage de leur
avertissement :
«Dans l’envoi de douze planches que nous avons fait de
Ténériffe, nous avons manifesté le désir de laisser publier
dans les journaux les espèces nouvelles. Ce n ’est plus no tre
intention p our celles-ci, que nous déposons dans les a rchives
de l ’Académie, moins cependant ce qui est relatif
aux Poissons, que nous adressons au Ja rd in d u Roi. »
Ce désir de se conserver la pro p riété de leurs découvertes
jusqu’au moment où ils p o u rro n t les publier eux-
mêmes, est assurément bien légitime de la p a rt d ’hommes
qui o nt hasardé, p o u r les faire, leu r santé et leu r vie, et
se sont dévoués pour plusieurs années à l’existence la plus
pénible, uniquement dans l ’espoir de recueillir un jo u r
les témoignages de satisfaction de leur pays et des amis
des sciences. H n ’e s t , ainsi que nous l’avons dit dans une
autre occasion, aucun naturaliste auquel un pareil voeu ne
doive p a raître sacré, et ces réflexions nous excuseront auprès
de l’Académie si nous ne lui présentons q u ’une analyse
un peu succincte du travail q u ’elle a renvoyé à n o tre
examen.