Espagnols d’Europe et de Manille, qu’il serait réellement
fort difficile d’indiquer à quelle race il appartenait
précisément. La position des Mariannes non loin
des Carolines pourrait porter à croire que les deux
peuples devaient avoir une même origine ; mais, d’un
autre côté, si l’on fait attention à l’histoire que raconte
le père Le Gobien, de ces Carolinois qui, dans une
frêle pirogue, furent jetés sur file de Guam, ou leur
langue était totalement inconnue ; si l’on tient compte,
chez beaucoup de métis actuels, de la foi'me des yeux
qui sont obliques et assez semblables à ceux des Chinois
, on sera fort embarrassé pour répondre à la
question qui nous occupe, et pour dire a quel peuple
se rattachait celui des Mariannes. Quoi qu’il en
soit , la race en est belle et le croisement ne lui a
nui en aucune façon. Les Mariannais ont conservé
de leur type ancien les cheveux noirs et lisses , la
largeur des pommettes, l’obliquité de l’angle internede
l’oeil ( sans cependant le renflement de la peau qu’on
remarque chez les Chinois dans cet endroit ), un peu
de grosseur dans les lèvres el les ailes du nez, et les
cheveux noirs et lisses. Leurs membres sont robustes
; les inférieurs sont d’une grosseur remarquable,
et paraissent peut-être un peu courts pour se trouver
en proportion avec le torse. Leur peau fortement basanée
se ressent de sa double origine. Les femmes
des chefs, qui ne sont point exposées à la fatigue,
sont d’un brun foncé agréable ; mais une maladie
terrible, la lèpre, rend hideux ceux qu’elle attaque ,
altère et détruit leur constitution, e tc ., etc.
De la Race noire du Grand-Océan.
En nous servant de cette expression de race noire,
nous voulons qu’elle porte en quelque sorte sa définition
avec elle, afin qu’on ne la confonde pas avec
la race nègre d’Afrique. Il existe, en effet, entre
ces deux races une assez grande différence pour qu’on
ne s’y méprenne point. Quelques-uns des premiers
navigateurs seuls ont pu commettre cette erreur.
Sans être naturaliste, tout observateur judicieux ne
confondra jamais un naturel de la Nouvelle-Guinée
ou de la Nouvelle-Hollande avec un habitant du
royaume de Benin ou de la côte de Mozambique.
Malgré notre répugnance pour tout ce qui est hypothétique
ou seulement obscur, nous ne pouvons nous
empêcher de croire cependant que la race noire tire
son origine de la Nouvelle-Guinée. Nous voulons
dire la race des îles qui environnent cette grande
terre , qui a poussé ses migrations dans la mer du
Sud jusqu’auprès des îles des Amis, et qui habite
exclusivement le grand archipel des Viti car, pour
l’espèce qui habite la nouvelle-Hollande, nous ne
pouvons la regarder comme identique. Les caractères
qui la différencient sont trop frappans pour qu’on
cherche jamais à la rattacher aux Papous. Nous cile-
♦ Ce sont les Fidji des navigateurs, ainsi nommées par leurs voisins les
habilaas de Tonga-Tabou. Le nom de riü, que nous adoptons avec M. d’Ur-
ville, nous a été fourni par les insulaires eux-même.s.