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vait pénétrer, les couches d’humus étaient si considérables
qu’on ne distinguait aucune trace de
roches. Que devient alors la géologie ? Ajoutons
que les grands voyages qui se sont faits jnsqti’à ce
jour ont eu presque constamment lieu dans la mer
du Su d , et que les cinq sixièmes des îles qu’on y
rencontre étant volcaniques, et se trouvant entourées
par des ceintures de Madrépores, quelqu’un
qui ne se serait spécialement attaché qu’à
la géologie aurait eu peu de résultats satisfaisans.
La botanique est une des branches de l’histoire
naturelle qui peut tirer le meilleur parti de ces
sortes de voyages. Encore a-t-elle ses mécomptes
et se trouve-t-elle b o rn é e , dans ses recherches,
aux collines du bord de la m e r, tandis que la
vue se perd sur d’immenses et impénétrables forêts
qui couvrent jusqu’à leur sommet les plus
hautes montagnes, et dont tous les arbres sont
presque entièrement inconnus. Si, dans ce genre,
le naturaliste se trouve peu satisfait de n’avoir
à donner qu’une nomenclature aride sans pouvoir
y rattacher des considérations élevées et
justes, que sera-ce donc lorsqu’il aura à traiter
de ces êtres mobiles de l’air ou de l’onde,
qu’on ne peut siirju’endre qu’à la dérobée et dont
les formes ou les couleurs fugitives demandent,
pour être bien rendues , d’être saisies à l’instant
même? Si la constance, l’habitude, l’adresse parviennent
à surmonter-tant d’obstacles, que de choses
resteront encore à connaître sur les moeurs
d’une foule d’êtres, sur les différences qu’apportent
l’âge et les sexes, les localités et les saisons ! Tout
cela est cependant nécessaire pour compléter l’histoire
de ces animaux divers. Récolter, dessiner et
décrire, voilà tout ce à quoi peut prétendre le
naturaliste ; et nous verrons que c’est encore beaucoup
au milieu de tant d’objets nouveaux; il faut
même, pour le faire avec f ru it, avoir une longue
habitude de la navigation.
En faisant cet exposé de l’insuffisance de nos
moyens, ce n’est point l’esprit de critique qui nous
d irig e , et encore moins la pensée de décourager
ceux qui viendront après nous. L’amour seul de la
science nous sert de g u id e , mais c’est l’amour
d’une science réelle, ou plutôt le désir de disposer
quelques matériaux qui lui serviront un jour, car
le temps où l’édifice zoologique pourra être solidement
construit ne nous semble point encore
arrivé.
Quant à nous, nous ferons tous nos efforts pour