contrées si éloignées, et l’on peut dire à peu près
ce qu’on veut sans craindre d’être repris.
En Zoologie, récolter est donc encore la seule
chose qui ait pu être faite avec quelque succès ;
e t, nous le répétons, les conséquences qui en dérivent
ne doivent être énoncées qu’avec la plus
grande réserve et comme de simples essais. C’est
aux observateurs que les circonstances appelleront
à résider long-temps sur les lieux qu’on veut connaître,
qu’il appartiendra de faire l’histoire complète
de l’homme et celle des êtres au milieu desquels
il vit. Le hasard a produit, en ce genre , des travaux
importans pour quelques peuplades du Grand-
Océan ; et le développement que prennent les missions
anglaises serait du plus grand secours pour
recueillir tous les documens relatifs aux moeurs
primitives de ces peuples, qui tous les jours font
de nouveaux progrès vers la civilisation, si les missionnaires
n’étaient, pour la p lu p a rt, des hommes
sans éducation , incapables de saisir et de décrire,
dans l’intérêt de l’esprit huma in , les choses qui
se passent sous leurs yeux. Eux seuls pourraient
donner des observations complètes qu’on ne peut
guère exiger des navigateurs, quels que soient
leur zèle et leurs talens.
Que dirait-on de gens instruits, d’hommes cultivant
les sciences, qui, partant de l’Inde ou de la
Chine, viendraient dans l’intention de reconnaître
l’Europe dont ils n’entendraient pas les langues, se
borneraient à visiter le littoral, demeureraient douze
ou quinze jours sur les points où ils aborderaient,
récolteraient de toutes mains, emporteraient des
mots sans liaison et quelquefois entendus de travers
, et q u i, munis de ces matériaux entassés à la
hâte, prétendraient faire connaître des lieux ainsi
examinés?... Voilà le plus souvent où nous en
sommes dans nos voyages nautiques. Ici cette
réflexion n’est pas aussi rigoureusement applicable
à l’homme; car, dans la plupart des îles de la mer
du Sud, l’espèce humaine n’habite que le littoral;
e t , dans un état peu avancé de civilisation , il
est assez facile de saisir quelques-unes des habitudes
physiques de ces enfans de la nature. La constitution
du sol et la botanique, étant des objets
passifs, peuvent encore, jusqu’à un certain point
et dans quelques localités seulement, être examinées
avec fruit ; car il nous est souvent arrivé d’aborder
sur des plages où il était impossible de pénétrer
au-delà de quelques pas , tant la végétation
était pressée. Et dans les lieux même où l’on pou