MM. Quoy et Gaimard, zoologistes de l ’expédition,
étaient déjà glorieusement connus de l’Académie et de
tons les amis de l’histoire naturelle par leur participation
au Voyage de M. le capitaine de Freycinet, et p ar le volume
plein d ’observations curieuses et nouvelles do n t ils
o n t enrichi sa R elation. On ne pouvait pas douter que l’expérience
acquise lors de cette première expédition , et les
études qui leur avaient été nécessaires p o u r en publier les
ré su lta ts, ne les eussent mis à même de re n d re la seconde
encore plus profitable à la science ; et on l’espérait d ’autant
plus que le capitaine d ’Urville devait se ren d re dans
des parages encore plus abondans en riches p ro d u c tio n s,
et encore moins connus des naturalistes que ceux q u ’avait
traversés le capitaine de Freycinet.
Ces espérances n ’ont p o in t été trompées. Malgré les
malheurs et les contre-temps que l’expédition a éprouvés,
et bien q u ’elle n ’ait p u séjourner autant q u ’il eût été à désirer
sur ces côtes encore presque neuves p o u r la science,
de la Nouvelle-Guinée, MM. Quoy et Gaimard o nt envoyé
et rap p o rté des collections plus considérables q u ’il n ’en
avait été formé jusqu’à ce jo u r, ni p a r leurs prédécesseurs,
ni par eux-mêmes.
Fidèlement déposées au Cabinet du Roi, il en a été fait
des catalogues exacts qui spécifient classe p a r classe les
nombres des g e n re s, des espèces et des individus de chaque
espèce ; tous ces animaux, depuis les plus grands ju sq
u ’aux plus petits et aux plus frê le s, sont d ’une conservation
qui annonce la plus grande habileté et la patience
la plus soutenue.
Nous ne répéterons po in t ici ce que nous avons dit dans
nos quatre rapports p ré céd en s, sur les nombres des espèces
et des individus qui ont composé ces envois. Les calalogiies
les comptent p ar m illiers, et rien ne prouve mieux
l’activité de nos n a turalistes, que l ’embarras oû se trouve
l’administration du Jardin du R o i, p our placer to u t ce
que lui ont valu les dernières expéditions, et surtout celle
dont nous rendons compte. 11 a fallu descendre au rez-de-
chaussée, presque dans les souterrains, et les magasins
même sont aujourd’hui tellement encombrés, c’est le véritable
term e, que l’on est obligé de les diviser p a r des cloisons
, p our y multiplier les places.
Nous ferons remarquer seulement que dans les catalogues
généraux qui ont été présentés à l ’Académie, ne sont
pas comprises de nombreuses petites espèces contenues
dans sLx cent cinquante bocaux, do n t plusieurs en ren fe rment
dix ou douze, l’examen que MM. Quoy et Gaimard
en font eux-mêmes n ’ayant pas encore été terminé.
Une partie des objets auxquels leur n a tu re donnait du
prix ont été achetés des deniers de ces n a tu ra lis te s, et
même M. Gaimard a fait à lui seul les frais de son excursion
particulière à Madagascar.
On co n ço it, d ’ailleurs , to u t ce qu’il a dû en coûter de
fatigue, ce qu’il leur a fallu d ’attention et d ’adresse pour
ne rien laisser échapper de tan t d ’êtres fugitifs, surtout
de ceux que l’oeil même a peine à saisir au milieu des vagues
dont ils ne se détachent po in t p a r la couleur ; aussi
se font-ils un plaisir de reconnaître que le zèle de tous les
officiers, de tous les hommes de l’équipage, p o u r ce genre
de recherches, la complaisance q u ’ils o nt mise à les seconder
, les ont puissamment aidés à remplir cette partie
de leur mission. Le corps de la marine française est tro p
éclairé aujourd’hui p our dédaigner rien de ce qui se rap porte
aux sciences , et nous regarderons toujours comme
un devoir de la p a n des naturalistes de témoigner publi