La seule différence que les Carolinois présentent
avec les peuples dont nous venons de faire mention
, c’est qu’ils sont un peu plus foncés en couleur
tirant sur le brun. Mais cette nuance qui ne
suffit pas pour en faire une race particulière, tient
manisfestement aux latitudes qu’ils habitent, au
peu d’élévation de leur sol au-dessus du niveau de
la mer, à l’habitude qu’ils ont d’être sans cesse dans
leurs pros ou sur les bords de l’Océan, exposés a
l’influence d’un soleil ardent Ces différences sont
les mêmes que celles qu’on peut remarquer en
Europe entre les peuples du midi et ceux du nord.
Ainsi, par exemple, en France on distingue facilement
les Normands et les Bretons des Provençaux
et des Languedociens; mais ce seront toujours des
Européens, des hommes de la race caucasienne,
comme les habitans des Carolines doivent être de la
race jaune. Nous différons , en cela , de notre confrère
de la marine, M. Lesson, qui regarde les
Carolinois comme différens des Sandwichiens , des
Nouveaux-Zélandais, etc.
Il suffit d’avoir vu la race jaune partout où elle
* Aux îles Mariannes, nous eûmes un exemple frappant de l’action du
soleil sur l’espèce humaine relativement à la modification de la couleur. Des
Sandwichiens, hommes, femmes et enfans, avaient été pris sur un corsaire
des indépendans d’Amérique. Ils étaient devenus si bruns que nous avions de
la peine à les reconnaître pour être de la race jaune. Nous avons vu le même
phénomène sur un homme des Marquises; et tous las jours on pouvait 1 ob
server en comparant les chefs aux hommes de peine qui, pour se pjociirer
leur nourriture, passent leur vie sur les récits et presque entièrement nus.
se trouve pour en reconnaître l’identité, et il est peu
nécessaire pour la confirmer davantage d’y joindre
des habitudes de moeurs ou des similitudes de langage.
Ce dernier moyen n’est même pas toujours
concluant ; car il arrive quelquefois que, lorsque la
race jaune et la race noire se trouvent réunies dans
le même archipel, sur des îles séparées, elles parlent
la même langue ou bien se servent d’un grand
nombre de mots communs à chacune d’elles, comme
cela a lieu entre les îles des Amis el les îles Viti,
entre Vanikoro et Tikopia.
Nous ajouterons à ces peuples que nous avons vus,
et comme devant appartenir à la même race, d’autres
hommes que nous n’avons point obervés nous-mêmes.
Nous le ferons avec confiance pour les naturels de
Taïti, des Marquises * et de l’île de Pâques, d’après
les observations de Forster , et pour ceux d’Oualan,
d’après le rapport de M. Lesson. Ce sera avec moins
de certitude que nous joindrons à ceux-ci les habitans
des Mulgraves et des îles Palaos.
ILES MARIANNES.
Parlerons-nous du peuple qui habite actuellement
les îles Mariannes ? Mais il y a si long-temps que son
caractère originel s’est altéré par ses alliances avec les
* Nous pourrions invoquer le sentiment unanime de voyageurs aussi
instruits que véridiques, ne voulant pas mentionner les individus isolés de
ces deux premières îles que nous avons eu l’occasion d’examiner.