sionomie agréable, quoiqu’ils cherchent à la défigurer
par un tatouage en incisions, dont la disposition ne
contribue pas peu à leur faire paraître le nez aqui-
lin, forme qui d’ailleurs est assez commune et se joint
à l’écartement des narines. Ils ont les cheveux longs,
lisses et noirs, ainsi que la barbe. Leurs dents,
d’une régularité admirable et d’une blancheur éclatante,
sont uniformément usées. Le caractère de la
physionomie est aussi varié qu’en Europe, e t, pour
tout dire en un mot, nous trouvions chez ces insulaires
des ressemblances remarquables avec les bustes
de Socrate, de Brutus, etc. La basse classe a les
formes plus petites et moins belles. Peu d’individus
sont tatoués. Ce privilège semble appartenir aux
guerriers, et particulièrement aux chefs qui sont tous
guerriers. Il suffit de voir cet ornement pour juger
combien il doit être douloureux à obtenir. La beauté
des femmes est bien inférieure à celle des hommes.
Presque toutes petites, elles n’ont rien de ce naturel
gracieux qu’on trouve quelquefois parmi les
peuplades non civilisées, et que nous avons fréquemment
rencontré dans l’Archipel des Sandwich.
Les femmes des chefs ont seules le privilège de se
tatouer les lèvres et les épaules d’une manière particulière.
Si quelque jour les Européens colonisent la Nouvelle
- Zélande , les habitans de ce pays entreront
promptement dans la voie de la civilisation , et se mélangeront
avec les colons pour former une nouvelle
race ; ils sont bien différens en cela de la race noire,
qui, comme à la Nouvelle-Hollande, par exemple, et
à la terre de Van-Diémen, s’isole des Anglais. Ceux-ci
la poussent dans l’intérieur, à mesure qu’ils prennent
plus d’accroissement, et finiront avec le temps par la
faire disparaître.
ILES DES AMIS.
Quelques degrés de différence en latitude apportent
déjà dans la constitution physique de l’homme
de légères modifications qu’il est facile de saisir, non
sur des individus isolés, mais sur des masses. L’île de
Tonga-Tabou, dans laquelle nous avons séjourné pendant
un mois, est située par 21° 8’ de latitude Sud, et
177° 33’ de longitude Est. Sa végétation est celle des
tropiques, et avec elle naît l’abondance que nous allons
retrouver dans toutes les îles qui en éprouvent la fécondante
influence. Les hommes sont encore là grands et
robustes, mais les chefs ont de la tendance à acquérir
cette énorme obésité que nous avons vue aux îles Sandwich,
lorsque l’abondance des alimens vient se joindre
au défaut d’exercice. On voit parmi eux des physionomies
très-agréables à nez effilé. Leurs cheveux noirs
seraient comme les nôtres si, au moyen de la chaux,
ils ne les frisaient pas en buisson ou ne les séparaient
pas en grosses mèches. Les chefs les portent unis et
se les coupent ras. Les hommes ont en général le bas
de la jambe gros. Leur tatouage en noir, qui n’a lieu
qu’à la ceinture et aux cuisses, est uniforme. Un usage
bien malheureux auquel se soumettent les habitans