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sied beaucoup mieux. Cependant, chose singulière!
ce peuple n’est point mabométan et semble n’avoir
jamais rien connu de l’islamisme ; ce qui est le contraire
des Malais qui l’environnent de toutes parts.
On n’a pas pu nous donner des renseignemens positifs
sur leur religion ; tout ce que l’on sait, c’est qu’ils
n’ont point de culte extérieur et que leur croyance est
toute spirituelle. 11 est certain d’ailleurs que, dans un
état de civilisation qui paraît très-ancien, ils doivent
avoir une religion quelconque ; et le soin qu’ils donnent
à leurs tombeaux semble en être une preuve Il
faut convenir que cette religion doit être aussi simple
que tolérante , puisqu’elle paraît si peu les occuper.
Les Alfours de Célèbes sont bien éloignés de cette
férocité qu’on reproche à ceux des autres iles Moluques
ou de la Nouvelle-Guinée, et des iles qui en dépendent.
Il est constant au contrairè que leurs moeurs
sont très-douces. Tel est ce peuple dont nous n’avons
fait qu’entrevoir quelques individus , dans notre premier
voyage sur l’Uranie , lorsque nous étions à
Vaigiou. Parmi tant de Malais et d’autres indigènes ,
nous ne savions à quelle race les rapporter, puisque
nous dîmes qu’il était possible que ces individus isolés
fussent le produit du mélange d’un Chinois avec une
femme de ces contrées
Cet aimable peuple construit ses habitations sur
des pieux très-élevés ; à terre ou sur l’eau , la eons-
* Il est à remarquer que les corps y sont ployés en double, comme cela
se pratique chez quelques peuples de l’Amérique méridionale.
** Voyage de VVranic. Zoologie, page 5.
traction ne varie pas. Les maisons des chefs sont de
vrais édifices. Les fêtes qu’ils donnèrent au gouverneur
Merkus ressemblaient parfaitement à celles de
l’Opéra pour l’élégance des costumes, avec celte différence
qu’elles avaient lieu en plein air, à l’abri des
palmiers et sous le ciel de l’équateur. On peut voir,
pour de plus amples détails, la relation historique du
Voyage.
Dans cet exposé rapide des peuples divers que nous
avons vus, nous n’avons voulu parler que de leur
organisation physique, pour contribuer autant qu’il
est en nous à réunir quelques matériaux propres à
éclaircir un jour l’histoire si obscure des variétés de
l’espèce humaine. Il nous eût été bien facile de grossir
cet aperçu ; car peu de voyageurs ont été à portée de
voir autant que nous les insulaires du Grand-Océan.
Mais voulant nous en tenir à ce que nous avons
observé nous-mêmes sur les deux principales races
qui peuplent la mer du Sud, nous nous sommes bornés
à de simples remarques zoologiques, que nous
avons rendues plus sensibles en cherchant à parler
aux yeux et en reproduisant un assez grand nombre
de portraits faits sur les lieux par M. de Sainson. Si
nous y avons quelquefois ajouté des détails de moeurs,
c’est qu’ils se liaient naturellement à notre sujet.