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pour ainsi dire, encore dans l ’enfance; c’est l’iiistoire naturelle des fos-
siles.
Ici l’on entend exclusivement pat fossiles les corps qui ont appartenu à
des animaux terrestres ou marins, ou à des végétaux, qu’on trouve tantôt
dans des bancs de pierres plus ou moins dures, tantôt dans des couches de
sable, d’argllle ou de toute autre matière, déposés à telle ou telle hauteur
sur les montagnes, ou à telle ou telle profondeur dans les vallées. Ces corps
adventifs doivent être considérés souvent comme l’ouvrage d’une mer tranquille
et stationnaire, qui permettoit aux coquilles , aux madrépores et
aux poissons, de vivre et de se propager dans les places mêmes où on les
trouve encore, quoique la mer n’y soit plus ; tantôt on doit les considérer
comme transportés accidentellement par l’effet de quelque grande catastrophe
qui a déplacé subitement la masse des eaux ; en un mot, mille
autres circonstances qui supposent toutes et des tems infinis et des vicissitudes
de toute espèce, ont concouru à réunir dans les memes lieux une
foule d’objets et de corps disparates, dont les uns ont appartenu à la végétation,
et d’autres à l’animalité; et sur lesquels nous reviendrons plus d’une
fois dans le courant de cet ouvrage.
C’est cette grande, c’est cette belle étude qui peut, defaltenfalt, de découverte
en découverte, conduire l’homme à des vérités qu’il lui eût été à
jamais impossible d’atteindre, si la nature n’avolt elle-même tracé en caractères
difficiles à déchifirer, mais lisibles pour ceux qui veulent s’en donner
la peine, cette suite de périodes qui lui retracent de grands événemens,
placés dans des tems incommensurables, mais attestés par des monumens
beaucoup plus fidèles que la plupart de ceux que l’histoire nous a transmis.
Que cette longue suite de siècles ne nous effarouche pas ; le tems n’est
qu’une abstraction relative, et une abstraction n’est rien pour la nature.
insecles absolument nouveaux qu’O liv ie r , dont nous avons parlé ci - dessus, vient d’apporter de son
vo y a g ed e l’Archipel, de l’E g y p te , de la S y r ie , de la Mésopotamie, des bords del'Eupbrate et de la
P erse; ce vo y a g e , lorsqu’il sera publié, en présentant une multitude de faits curieux et d’objets nouv
eaux, rappelera en même tems qu’i l a été commencé et fini avec un coopérateur savant, mort a A n-
cône, à la suite des longues et cruelles fatigues qu’i l avoit éprouvées. Tous ceux qui ont connu
Bruguière regretteront cette p er te, et n’oublieront pas que ce savant estimable joignoit toutes les
qualités du coeur à celles de l ’esprit.
P R É L I M I N A I R E . n
Mais des êtres qui ont été autrefois organisés , et qu’on trouve dans l’intérieur
de la terre, conservant encore leurs caractères spécifiques au point
de pouvoir être comparés avec des analogues connus, sont quelque chose;
et si nos sens ne sont pas le résultat d’une perpétuelle illusion, ainsi qu’il
seroit absurde de le supposer, pourroit-on dire que tous ces rhinocéros,
tous ces éléphans, la plupart d’espèces connues, dont on trouve tant de
restes sur diverses parties de la terre, à des distances immenses des lieux
où vivent actuellement ces mêmes animaux, sont des jeux de la nature ou
l’effet des combinaisons du hasard.
Il faudroit donc en dire autant de ces nombreuses familles de coquilles
dont la terre est, pour ainsi dire, jonchée de toute part, et qu’on trouve
non-seulement pétrifiées, mais souvent dans un état si parfait de conservation
, qu’on pourroit les confondre avec les coquilles actuelles de la mer,
si on ne les trouvoit pas en grandes corrches sur les montagnes, et si elles
n’offroient pas une multitude d’espèces dont la plupart sont inconnues.
Cependant ces coquilles fossiles ont non - seulement appartenu à des
animaux marins qui en faisoient autrefois leur habitation, mais elles sont
remarquables encore par les mêmes accidens qui affectent actuellement les
coquilles de nos mers ; car les xmes sont recouvertes de petits coquillages
parasites, d’autres de glands de mer et de petits madrépores, quelques-
unes de vers testacées connus sous le nom de serpules, d’autres enfin sont
percées d’outre en outre par un insecte ennemi qui porte le nom de tarei.
Mais il est inutile de s’étendre davantage sur un sujet qui ne présente plus
aucun doute depuis que l’histoire naturelle est devenue une science exacte,
nne science de fait, fondée sur des rapports, des caractères et des méthodes
si précises que les conclusions qui en résultent équivalent, pour ainsi
dire , à des démonstrations rigoureuses.
Comment peut-il se faire d’après cela, dira-t-on, qu’avec des données
si exactes sur l’existence certaine d’une si immense quantité de fossiles,
dont un grand nombre même a été décrit et figuré j^ar des hommes instruits
, cette partie de la science soit encore si peu avancée ? Voici les raisons
qui paroissent en être la cause, et qui ont retardé particulièrement les
progrès et sur-tout la marche philosophique de cette belle étude.
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