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8 D I S C O U R S
Les rapports de ces végétaux avec l’a ir, avec les variations du ciel et
celles des saisons, et sur-tout avec l’astre brillant qui règle leur marchej en
le tenant dans de continuelles observations, associent, en quelque sorte,
les jouissances de l’esprit à celles qu’il obtient d’une santé robuste et de
l ’habitude de vivre au milieu de la nature.
Il existe donc un attrait puissant qui attire tous les hommes, en général,
vers la contemplaron et l’étude de cette même nature.
C’est ce charme qui, depuis que les hommes vivent en société et ont pu
se livrer aux sciences, les porte il s’occuper avec ardeur de cette étude aussi
agréable qu’utile.
L’on est étonné toutes les fois qu’en lisant Pline ( i ) , l’on voit la liste
( I ) J'ai vou lu , eu lisant pour la cliilème fois P lin e , eonnotti-e le nombre des auteurs qu’3 o ite ,
en me bornant à ceux qui ont écrit spécialement sur l'bisloire naturelle proprement d ite , et eu laissant
de cStë ceux qui ont décrit diverses contrées d e là terre plUtSt en géographes qu'en naturalistes,
ainsi que les voyagenis qui ont parlé des raretés d'un pays et les médecins qui ont écrit sut les drogues.
L e tableau que l'eu a i f a i t , et que le transcris ic i très en abrégé, est une preuve frappante de ce
nue i’ai avancé sur l'universalité des guüis ijuui ectic
L iv . I I . Z>esplanètes, de l ’ a ir , de la mer e t d e la terre. .
L iv. V I I I . D e s animaux terrestres quadrupèdes . . .
L iv . IX . D e s poissons e t autres productions de la mer. . . . .
L iv . X . D e l ’ histoire naturelle des o isea u x ..............................
L iv . X I . D e l ’ histoire naturelle d es insectes.............................
L iv . X I I . D e l ’histoire naturelle des arbres................................
Liv. X I I I . D e s parfums e t des arbres d ’outremer. ..............
L iv . X V I . Histoire naturelle des arbres sauvages..................
L iv . X X . Histoire naturellé d-^plantes en usage dans l ’ art
L iv . X X I . De sfleu rs e t de leur usage dans la m édecine......................... i6
L iv . D e s m é ta u x , de l ’ o r , de l ’ argent, du mercure.
L iv . X X X IV . D u cuivre, d u f e r , de V é ta in , du p lom b , e tc . .
L i v . X X X V I . D e s pierres et des marbres..................................... ....
L i v .X X X V I l . D e la nature des pierres précieuses.....................
T o t a l des auteurs latins e t g r e c s .,
E n t o u t ............................................
Aui. Utiol. Aui. grcci,
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8
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26
• Ï 7 46
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6
9 42
i6 54
10 23
19
. 14 20
5 36
. 22Ó 481
657’ aut.
p r é l i m i n a i r e . 5
nombreuse des auteurs grecs et latins dans lesquels 11 avoit puisé et dont il
cite les témoignages ; il semble qu’il n’y ait eu aucune branche d’histoire
naturelle, aucune des sous-divisions de ces mêmes branches, dans tous
les règnes, que ces auteurs, en concurrence les uns avec les autres, n’aient,
en quelque sorte, épuisée; et lorsqu’on pense que les écrivains de l’ancienne
Egypte, de ce peuple étonnant qui paroit avoir tout connu , et qui avoit
érigé un si magnifique temple à Celte qui est, c’est-à-dire, à la nature sous
l’emblême d’Isis, ne sont pas compris dans ce nombre ; lorsqu’on voit qu’il
ne nous reste rien de cet antique peuple que ses indestructibles et gigantes
ques monumens, combien n’a-t-on pas à regretter que ses livres et jusqu’à
son langage sacré eussent déjà disparu dans le tems même de Pline?
Il n’est pas douteux que cette passion pour les sciences naturelles n’ait
conduit l’homme à des découvertes utiles aux besoins de sa vie, et à la conservation
de sa santé, ainsi qu’à des applications qui, en abrégeant ses
tr a v a u x lu i ont procuré des commodités et des jouissances; mais aussi
ces mêmes découvertes ont fourni plus d’un moyen de destruction, comme
s’il étoit de l ’appanage de l’homme de trouver toujours le mal à côté du
bien.
S i , dans ce moment, Part de bien connoître les minéraux, leur indication,
leur gisement, leur extraction, et celui de les convertir en métaux
pour les livrer à la main des arts, ne laisse presque plus rien à désirer- si
la botanique, fondée sur un système heureux généralement adopté, et qui
en facilite singulièrement la marche, a fait un pas de géant; si la nomenclature
des quadrupèdes, des oiseaux, des poissons, etc., est presque à son
terme; si déjà plus de vingt mille insectes sont classés méthodiquemcnt(i)
il est une partie des plus importantes, une des branches de l’histoire natu
relie la plus propre à nous conduire à de grandes vérités philosophiques
qui, malgré les efforts d’une multitude de savans d’un rare mérite, est
( i ) Si l ’on comptoit toiiù ce que Fabricius a publié en ce genre clans la dernière édition de son Sys
terne sur le s insectes, ce qu’ Olivier a fait connoître de la collection de Dorcy et de la sienne propre
les nombreux insectes inédits qui se trotivent dans celles de Hollande, d'Angleterre, de Suède et d
Dannemarck; si l’on y ajoute ce qu’ont produit les voyages de Desfontaines, du capitaine Bodin, d
Beauvoir, de Bosc, la rare collection qu’a faite Labillardière dans son voyage autour du monde, pou.
aller à la recherclie de Lapérouse; on pourroit évaluer, sans courir le risque de se tromper, les insectes
connus jusqu’à ce jour an nombre d’environ trente mille, auxquels il faut ajouter encore deux mille
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