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D I S C O U R S P R É L IM IN A IR E .
L o r s q u ’ o n apperçolt, pour la première fois, dans le marbre o u dans la
pierre commune des coquilles ou d’autres corps organisés qu’on sait n’exister
vivans que dans les eaux de la mer, on se sent aussitôt entraîné comme
involontairement dans des réflexions qui provoquent en nous le plus vif
désir de connoître les causes qui ont pu produire de pareils déplacemens,
et celles qui ont permis à ces corps d’origine animale de s’introduire ainsi
dans des masses compactes de nature pierreuse.
■ L ’on sait bientôt qu’il est Impossible que ce marbre ait été dans l’état
où on le trouve actuellement à l’époque où cette espèce de phénomène a eu
lieu j mais des faits d’un tel ordre sont si extraordinaires, et en rnppiircnce si
Gont r adic loi r e s pour le hommes, ei même p o u r ceux qui ont
d’ailleurs l’esprit le plus exercé, mais qui ne se sont point appliqués à l’étude
des connois.sances de la nature, que bientôt les uns et les autres
aiment mieux passer outre, et repoussent, pour ainsi dire, toutes les idées
que leur font naître de si grands faits.
Il n’est point d’Iiomme, quelle que soit l’éducation qu’il ait reçue, qui
ne se soit livré à ce premier sentiment de surprise et d’admiration, lorsque
le hasard lui a offert, soit dans des voyages, soit dans d’autres circonstances
, le résultat de ces grandes opérations de la nature.
Mais ils sont bien plus étonnés sans doute, ceux qui se sont trouvés à
portée d’observer cette multitude de squelettes de poissons, d’empreintes
de phuites ou de bois fossiles , qu’on rencontre en si grande quantité dans
certaines, couches de pierres calcaires ou de pierres argilleuses, situées
non-seulement à de grandes distances de la mer, mais placées souvent
sur de hautes montagnes.