
fossiles, dont l’enveloppe est blanche et calcaire, pourquoi l’on ne trouvoit
jamais ni les corps, ni les autres parties de ces animaux? Après avoir réfléchi
sur 1a singularité de ce fait, qui est constant, et auquel je n’ai pu
trouver aucune exception, j’en ai dû conclure, que ces crustacées devoient
être de l’espèce des Bernard Thermite, qui ont le corps si molasse et si délicat
, qu’ils sont obligés de le défendre de toute attaque et de tout accident,
en se logeant dans des coquilles univalves, qui leur servent d’asyle
et comme de rempart ; de manière que lorsque quelqu’événement les déplace
, ils deviennent bientôt la proie des poissons et des molusques de
toute espèce qui peuplent la mer et qui les dévorent. Mais leurs bras et
leurs pinces étant recouverts d'une espèce de cuirasse solide, doivent rester
intacts; et confondus dans la suite, soit avec les sables, soit avec la vase
de la met, ils ont pu s’y conserver dans l’état fossile ou dans celui de pétrification.
Cette théorie simple me paroissoit très-applicable aux cnsable-
mens autrefois marins qui forment à présent les éminences coquilllères des
environs de Maestricht.
Plus attaché à la vérité qu’à mon opinion, j’ai cru devoir consulter
l’entomologiste Latreille, qui a fait une étude particulière des crustacées,
et qui est d’ailleurs très-versé dans la connoissance de plusieurs autres parties
des sciences naturelles; je joins ici avec reconnoissance la note qu’il a
bien voulu me fournir, après avoir porté son attention sur plusieurs de ces
crabes soumis à son examen (i).
( i) f! Le rapprochement comparatif des bras du crabe fignré dans planche X X X T I de Vliistotre
« naturelle de la montagne deSaint-Pierre,\^\x\ courbure et leur direction, l’absence générale et coiis-
« tante de.s autres parties du corps, prouvent d’une manière très-plausible, que ce crabe est un de ceux
« qu’on nomme Be rna rd l’hermite, et q u i, s’emparant des coquilles univalves , s’y établissent. L ’es-
« pèce à laquelle celui-ci a appartenu est très-voisine de la plus commune, Pngurus Banihardus. I c i ,
« comme dans l ’a u t re, c'est le bras droit qui est le plus fo r t; la maiu a la même forme dans les deux;
« la seule différence qui existe entre eux, consiste simplement dans nn plus grand nombre d ’aspé-
« r ité s , dans un allongement des doigts un peu plus grands, que l'on remarque dans le Pagurus
« Bernhardus. L ’a rête supérieure de la main a même quelques petites deutelures qui ne se voient pas
« dans celle du crabe fossile de Maestricht; mais i! est aisé de sentir que ces sortes d’aspérités peuvent
« facilement avoir été détruites, et qu’elles sont moins apparentes dans les jeunes individus des crabes
« non fossiles. Les galeries du Muséum National d’histoire naturelle possèdent plusieurs individus du
« Pagurus Bernhardus renfermés dans le Buccinum undatum. » Signé L a t REILLE.