
breuses(i), qu’on pent y compter plus de quatre-vingt genres distincts et
plus de trois cents espèces diverses, sans parler de celles qui sont microscopiques,
et par-là bien dignes de notre attention. On trouve au milieu de
cet amas immense de coquilles de tout âge et de toute grandeur, quelques
espèces si délicates et d’une telle fragilité qu’il n’est pas possible de croire
que ces corps, pour ainsi dire papyracés, aient pu être entraînés de loin
par l’effet de quelque courant ; il y a lieu de présumer, au contraire, que
le fluide dans lequel ils ont vécu et se sont propagés, leur a donné naissance
dans la place même où on les trouve actuellement, ou du moins à
des distances qui ne sauroient être considérables.
Qu’on juge combien la description d’un lieu si recommandable par tant
de productions de l’antique Océan seroit propre à répandre un grand jour
sur .les dernières révolutions de la terre, si des tommes habiles vouloient
s’occuper d’un travail complet sur cette matière.
I l s’agiroit pour cela de donner nn plan topographique de l’emplacement
où se trouvent tant de fossiles, ainsi que le profil des couches diverses
qui forment la montagne ; ce plan achevé, tous les genres, toutes les es-
( i j En voici q
tre trop long :
isilifsj et que nous pourrioES multiplie e craignions d'êi
». Cérite denticule, ceritldum denticulatum , de Bruguières, Encyclopédie m éthodique , espèce
X V des vers, io m e l , page 482. L ’analogue a été découvert aux îles des Am is , pendant le voyage de
Cook.
2®. Cérite hexagone, cerlthium hexagonum, Bruguières, espèce X X X I des cérites. L'analogue
a été également reconnu aux îles de la mer du Sud dans le même voyage de Co o k; et ce qu’i l y a
de remarquable, c ’est que les nombreuses coquilles de cette espèce qu’on trouve à Courtagnon ont
conservé une partie de leurs couleurs.
3°. M u r e x tripteris, Linné. Des grandes Indes.
4° M u r e x lotorium¡lÀüné. De l’Océan asiatique.
5®. Mu r e x trunculus, Linné. De la Jamaïque.
6®. Nautiluspompillus, Linné. Des Indes orientales.
7®. Trocits aglutiaans, vulgo la fr ip iè r e. De l ’Amérique.
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pèces do coquilles, en quelque nombre qu’elles soient, devroient être figurées
avec soin, décrites avec exactitude, et les analogues connus auxquels
plusieurs d’elles se rapportent, désignés d’une manière précise, et qui ne
puisse laisser subsister ni doute, ni équivoque sur les latitudes diverses où
ces analogues vivans existent actuellement.
Si un pareil travail n’a pas encore été exécuté, c’est qu’il présente de
grandes difficultés; et celle qui n’est pas la moindre, ainsi qu’on l’a déjà
dit plus haut, tient sans doute à ce qu’on attend depuis long-tems une
bonne méthode systématique sur les coquilles.
Il faudroit avoir visité plus d’une fois les lieux, s’être procuré soi-même
la plus nombreuse et la plus compiette collection, avoir connu toutes celles
qui ont été faites dans le même genre, pour les comparer et les citer au
. besoin, sur-tout lorsqu’il est question d’objets rares; car il est bon de savoir
alors qu’il en existe d’autres, afin de pouvoir les vérifier si les circonstances
l’exigent.
Il faut ou dessiner soi-même, ou du moins avoir assez le sentiment des
arts pour diriger avec attention celui qu’on charge d’un tel travail. D ’un
autre côté , les gravures exigent, si on ne veut pas les livrer aux spéculations
mercantilles de la librairie, des avances considérables, des talens
qu’on ne trouve pas par-tout, et des lenteurs souvent décourageantes.
Il faut donc savoir quelque gré aux hommes laborieux et actifs qui ont
le courage de surmonter tant d’obstacles par amour pour la science et par
le désir honorable d’en avancer les progrès, et à qui l’on ne rend justice le
plus souvent qu’après leur mort ; mais celui qui est animé d’un sentiment
si noble ne consulte guère que le plaisir d’être utile aux autres, et sa récompense
journalière la plus douce est dans la jouissance de l’instruction.
L ’exemple que l’on vient de donner au sujet des coquilles fossiles de
Courtagnon peut se rapporter également à celles qui se trouvent, presqu’en
aussi grand nombre, à Grignon, près de Versailles, et parmi lesquelles
on reconnoît des espèces qui manquent dans le premier endroit.
La Tourainc, si riche par scs/ù/n/w, c’est-à-dire, par cet amas im