
en doute, et plus faeilement encore dans les galeries d’histoire naturelle de
l’électeur Palatin à Manheim , en examinant la belle tete de gavial qui y
existe et qui a été tirée des mêmes carrières, est bien digne des méditations
de ceux qui s’occupent sérieusement de l’étude de la géologie.
V a in em en t voud ro!t-on o b jec te r qu e les cornes d’amm on q ui gisen t dans
le même marbre à côté de ce g a v ia l, a in s i que les au tre s espèces de co q
u i lle s , p ou vo ien t être d é jà pétrifiées a v an t l’époque de l ’événement q u i
les réu n it à la v a se dans la q u e lle ce g a v ia l fu t e n s e v e li, e t q u i fu t ensuite
convertie en marbre; mais quan d ce tte o b je c t io n , que je suis b ieu élo ign e
sans doute d ’a dm e t tre , seroit fo n d é e , elle n e tendroit pas à d é tru ire la
h aute an tiq u ité des tems q u i se son t écou lés depuis l ’époque où ces c ro co diles
des carrières d ’A l t o r f n au fra g è ren t, qu’on me passe cette e xp res s ion ,
dans les sédimens liq u id e s e t b oueux q ui les en v e lop p è ren t, soit qu un d é pla
c em en t su bit e t a c cid en tel des e au x de la mer les a i t déposes dans cette
p la c e , so it qu e le c lim a t , q u i au ro it ch an g é , leu r eu t permis de v iv re alors
dans le vo isin a g e même des lie u x où l ’on rencontre leurs d ép ou ille s osseuses.
Mais une autre conséquence non moins importante , et qui découle naturellement
de ces grands faits, sur lesquels les géologues ne sauroient trop
insister, c’est que les crocodiles , en leur qualité d’animaux amphibies , ne
pouvant vivre ni se multiplier qu’au bord des fleuves ou dans les grands
lacs qui leur offrent des îles ou des terres voisines pour y déposer leurs oeufs,
nous sommes autorisés à en conclure qu’avant l’époque de bouleversement
et de subversion quelconque qui ensevelit ces amphibies et les coniondit
pêle-mêle avec des coquilles, ils vivoient dans des tems antérieurs et beaucoup
plus anciens et se propageoient dans des fleuves et des lacs, qui dévoient
exister nécessairement au milieu de grandes terres , peuplees alors
de plantes et d’autres animaux terrestres, et qui devoient offrir à cette époque
les mêmes rapports de localités que nous présentent les bords du
Gange, du N i l , de l ’Am a z o n e ou d’autres grands fleuves qui nourrissent
îles animaux de cette espèce.
Je ne crois pas que cette conséquence puisse être contestée par les natu-
ralistes, elle sera même accueillie sans doute par ceux qui attribuent ces
grands événemens au déluge de Moïse; mais ces faits, lorsqu’on voudra les
considérer sans préjugé et sans recourir à des opérations surnaturelles, ne
sauroient coïncider avec une révolution diluvienne occasionnée par une
pluie de quarante jours, et semblent tenir à des événemens et à des catas-
trophes d’un plus grand ordre.
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