
T È T E DU C R O C O D I L E .
P L A N C H E IV.
C e fut dans une des galeries de la montagne de Saint-Pierre de Maes-
triclit, à la distance de cinq cents pas environ de la grande entrée, planche
II, que des ouvriers occupés à tirer des pierres, en 1770, reconnurent
à six pieds de hauteur dans la carrière qu’ils exploitoient, le reste de la tête
d’un grand animal encastrée dans le massif de la pierre; ce qui leur parut
très-remarquable.
Ils suspendirent leurs travaux pour donner avis de leur découverte au
docteur Hoffmann, qui formoit depuis long-tems la collection de tous les
fossiles de la montagne : on avoit soin de l’avertir toutes les fois qu’on
trouvoit des objets un peu importuns; car ce naturaliste, justement jaloux
de posséder les morceaux les mieux conservés, récompensoit d’une manière
généreuse les ouvriers qui le mettoient à portée par-là de travailler à détacher
lui-même ces morceaux.
Cet ohjet, le plus considérable que l’on eut encore trouvé, fit un plaisir
extrême au bon Hoffmann. Toutes les précautions possibles furent prises
pour obtenir cette tête intacte; et comme la pierre est très-tendre, on n’y
parvint qu’à force de soins et en cernant le bloc de très-loin, de manière
à obtenir une masse solide par son épaisseur et par son volume. Rien n’égala
le plaisir v if et la jouissance qu’éprouva ce naturaliste, en travaillant
de ses mains pendant plusieurs jours à détacher ce bloc, à le diminuer
, à le façonner, et à le faire arriver à force de soins et de bras hors
des carrières, pour le transporter chez lui comme en triomphe.
Mais cette belle conquête en histoire naturelle, qui lui avoit procuré
tant de satisfaction, devoit bientôt être l’objet d’un grand chagrin.
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