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L ’illustre Camper, si recommandable par ses hautes connoissances en
anatomie comparée et en zoologie, s’appuyoit sur le système particulier des
dents de l’animal dont il est ici question, pour soutenir qu’il ne pouvoit
pas être de la famille des crocodiles. La conformation de ces mêmes dents
nous servira à nous d’indice pour regarder, au contraire, l’animal de Maestricht,
comme beaucoup plus rapproché des crocodiles que des phiseters ,
ou de tout autre animal marin ; mais comme les preuves qui semblent venir
à l’appui de mon opinion sont consignées à la fin de cet ouvrage, où il
est particulièrement question des crocodiles fossiles et pétrifiés, j’y renvoie
le lecteur. Cependant comme il est du devoir d’un homme de bonne foi de
présenter d’abord les objections de son adversaire, et de les établir dans
toute leur force, je m’empresse de placer ici ce que Camper a dit au sujet
des os maxillaires, qui font l’objet de son mémoire publié dans les
Transactions philosophiques.
« La dentition est si singulière dans les mâchoires fossiles de l’animal de
« Maestricht, qu’elle mérite une description particulière. Dans tous les
« quadrupèdes, ainsi que dans l’homme, les dents qui paroissent les pre-
« mières tombent à un certain période de la vie, et dans le même teins de
« nouvelles se forment, soit au-dessus , soit au-dessous ou à côté des dents
cc primordiales ou temporaires, mais dans différentes alvéoles; les maxil-
« laires ne se renouvellent pas toutes ; en général, il s’en renouvelle trois
cc lorsqu’elles sont six, et deux lorsqu’elles sont cinq. Cependant la nature
cc n’est pas toujours uniforme dans cette opération. M. John Hunter,
cc membre de la société, a donné une histoire naturelle des dents, très-
cc intéressante et complette, où ces observations sont consignées.
cc Dans le crocodile, les dents secondaires apparoissent lorsque la tête de
cc l’animal a deux pieds de longueur, c’est-à-dire, lorsqu’il a acquis un
cc tiers de son accroissement ordinaire. Quand elles poussent trop préma-
cc turement, et avant que la dent temporaire soit tombée, elles percent
« dans le côté de l’os, là où elles éprouvent le moins de résistance. Il y a
cc des exemples de cette variété dans la tête du grand crocodile qui fait
cc partie de ma collection (i).
( i ) T1 y a incontestablement erreur dans ce que dit ic i Camper au sujet des doubles dents des c rocodiles
; il n’est pas nécessaire que ceux-ci aient acquis un tiers de leur accroissement pour que la dent
soit double, sur-tout dans le crocodile d’Asie, dont les dents diFfèreut de celles du crocodile d 'A fr ique.
Je possède des dents du crocodile d’A sie qui ont appartenu à de jeunes individus, dont les dents
sont doubles, c’est-à-dire, emboîtées l’une dans l’autre. I l est possible que le crocodile du N i l, qui est
d’une espèce différente de celle du Gange, n’a it ces dents secondaires que lorsque la tête a acquis le tiers
de sa grandeur ; mais que cela soit ou non, les dents doubles de ces animaux ne sont pas un indice
que les aulres doivent tomber; car on les trouve dans les crocodiles les plus âgés comme dans les
adultes : c’est un caractère particulier, que la na ture, inépuisable dans les formes, a voulu donner à
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