
L E T A C H A R D , N”.
J ’ i g n o r e absolument tout, jusqti’à la plus petite particularité, de ce qui
peut avoir rapport aux moeurs de cet oiseau de proie, que j’ai nommé Ta-
cKard, parce qu’il est l’unique de son espèce que j’ai été à portée de voir
dans mes voyages, et qu’en outre je ne l’ai pas tué moi-même; car c’est
mon lidèle Klaas qui le tira au moment où il passoit au-dessus de sa tête,
et qui me l’apporta avec cette satisfaction qu’il avoit toujours à me procurer
quelques oiseaux nouveaux et rares. Nous étions alors campés sur les
bords de la rivière des L ion s , dans le pays des girafies, et depuis nous
n’avons jamais apperçu un autre individu de la même espèce. Plusieurs
Kaminouquois qui étoient présens quand Klaas me le remit, ne purent
le nommer, et paroissoient ne pas le connoître. 11 est donc probable que
l ’espèce habite un canton plus reculé, et que l’oiseau qui vciioit d’être
tué étoit un individu égaré et éloigné de son pays natal.
L e Tachard, par sa ibrme, approche beaucoup des autres buses africaines
; cette espèce a seulement la queue plus longue qu’aucune des trois
précédentes dont j’ai parlé, et elle est cependant la plus petite de toutes,
quant à l’épaisseur du corps. Son hec est aussi foible que celui du rougri ;
mais en revanche ses serres sont plus grandes et plus arquées; ce qui
prouveroit qu’elle chasse mieux : d’ailleurs, sa longue queue et ses aîles,
dont la pointe s’étend jusqu’à son extrémité, doivent lui faciliter les moyens
de poursuivre sa proie avec succès. Cette quatrième espèce de buse d’A frique
se distingue facilement du rounoir et du rougri, non-seulement par
ie caractère de sa queue plus longue , son corps plus svelte et ses côuleurs
différemment distribuées; mais encore parce que son tarse est couvert de
plumes jusque passé le milieu de sa longueur : caractère qui suflira aussi
pour la reconnoître d’avec la buse gantée, qui l’est entièrement jusque sur
les doigts. Le Tachard est aussi moins culotté. Quant à ses couleurs, la
tête est d’un brun-gris , égayé par quelques traits blancs de i’intérieur des
plumes qui se montrent, et qui est la couleur générale du dessous de tout
le plumage de cet oiseau. La gorge et la poitrine sont blanchâtres et parsemées
de quelques taches brunes, répandues le long des plumes. Tout le
dessous du corps, sur un ioiid blanc roussâtre, porte de larges taches
Tome I . O