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L e Rounoir et le rougri sont, en Afrique, les représcntans de notre buse;
ainsi que le grcnouillard et le parasite le sont du busard et du milan. Ces
espèces étrangères, réellement distinctes des nôtres, habitent cette partie
du monde à leur exclusion et à leur défaut, et les y remplacent dans les
l'onclions que l’ordre général de la nature a départi à ces sortes d’oiseaux
de proie. Les busards et les milans, libres et sauvages, vivant sur des terrains
abandonnés aux eaux, et dans des lieux affranchis du domaine de
rhommc, n’ont avec nous aucune relation d’utilité. Les buses, au contraire,
sont amenées auprès de nos habitations et dans nos o\il-trLxiroo, pnr i’appat
des petits animaux qui se multiplient auprès de nous avec les végétaux que
nous semons et recueillons pour notre usage; le service que les buses nous
rendent, en détruisant les souris, les taupes, les rats et les autres quadrupèdes
proscrits par l’agriculture, exige que nous accordions à ces oiseaux
sauve-garde et sûreté, seule reconnoissance que la liberté puisse admettre;
nous devrions même les défendre contre l’intérêt particulier, et leur accor-
dre la protection des loix. C ’est ainsi que de nos jours on protège la cigogne
en Espagne et en Hollande, le merle couleur de rose en Barbarie,
et le martin dans l’Inde ; mais il est important sur-tout d’accorder toute
faveur aux animaux utiles, dans les lieux où les iiommes commencent à
établir des cultures sociales, sur des terres encore à demi-sauvages, et dans
des climats où la nature, encore vierge, se refuse à des semences inaccoutumées.
C ’est d’après ces principes que le Rounoir trouve toute sûreté
auprès des colons du Cap de Bonne-Espérance, par qui il est désigné sous
le nom àa ja k a ls -v o g e l {oisQim ja c a l) , par rapport à son cri qui imite
celui de ce renard d’Afrique : on lui donne aussi celui de roUe-vauger (preneur
de rats). Ou trouve cette buse autour de presque toutes les habitations;
elle y est familière, e t, pour ainsi dire, domestique; elle passe le
jour dans les terres labourées, où elle se tient pcrclice sur la motte la plus
élevée ou sur quelque buisson, s’il s’cn trouve dans le champ ; et c’est de
là qu’elle guette tous les petits quadrupèdes qui lui servent de pâture.
Quand la nuit approche, elle revient sc percher auprès de la maison, sur
les arbres ou sur les haies qui entourent le parc où on enferme les bestiaux.
C est sur les arbres ou au milieu des buissons les plus épais qxi’elle fait
son n id , qui est composé de menu bois et de mousse, et qu’elle garnit
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