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J e laisse à ce vautour le nom indien qu’il porte au Bengal, d’où je l’ai
reçu. Il paroît probable que cette dénomination particulière a quelque rapport,
ou avec quelqu’une de ses habitudes, ou avec ses couleurs ; car à cet
égard les noms populaires sont toujours plus signilicatifs que ceux que, la
plupart du tems, les savans appliquent aux divers animaux qu’ils veulent
faire connoître : aussi me permettrai - je de laisser, autant que cela se
pourra, aux animaux que je décrirai, les noms qu’on leur donne dans leur
pays natal, ou du moins je les indiquerai toujours quand je croirai pouvoir
ieur en substituer un autre qui me paroîtra leur convenir autant dans
notre langue. Je suis persuadé que cette méthode ne peut que faciliter
beaucoup les progrès de l’histoir« naturelle ; car sachant le nom que porte
tel ou tel animal dans la contrée qu’il habite, il sera bien plue facile de se
ie procurer et d’en obtenir des détails intéressans que de le demander sous
son nom scientifique et insignifiant. J’invite donc les voyageurs à nous
conserver, autant que possible, les noms qu’on donne dans les pays étrangers
, aux animaux qu’ils nous en rapporteront. Je me garderai bien de
faire la même prière à certains savans, qui, je ne sais par quel amour-
propre , mettent, au contraire, une gloire infinie à paroître ignorer ces
noms dans leur propre langue, et ne veulent absolument connoître que
les objets qu’on leur désigne par un mot grec ou latin. Cette manie est
même poussée si loin, qu’on en a vu s’arroger avec morgue le droit de reprendre
celui qui, pour se faire mieux comprendre , avoit osé employer un
nom consacré par une tradition de plusieurs siècles, plutôt qrxe de se servir
d’un nom nouveau à peine connu depuis quelques années.
Le Chaugoun est un vautour d’une grandeur moyenne et n’est guère
plus gros que celui qui porte le nom de roi des vautours. Pour en donner
une idée précise, je dirai qu’il est à peu près de la taille d’un dindon
femelle. Son bec est presque entièrement d’un noir de corne; la mandibule
supérieure étant seulement jaunâtre dans la partie où elle se renfie. Les
narines sont longues et placées en travers , elles occupent, pour ainsi dire,
toute l’épaisseur de la base du bec, qui est entourée d’une peau noire. Le
cou par devant est parsemé de quelques poils rares, qui laissent par-tout
appercevoir la peau, qui m’a paru avoir été bleuâtre ; je dis m’a paru, car
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