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dont la forme est précisément celle des boupes de cigne dont se servent
nos dames à leur toilette. La tête, les joues et la gorge sont couvertes d’un
fin duvet noir. L ’oeil est cerclé d’une paupière blanche. Le cou est entouré
d’un collier de plumes longues effilées et détachées entre elles.
Toute la partie nue du cou, qui se trouve comprise entre le collier et le
duvet noir du visage, est d’un blanc mat ; on diroit une cravatte blanche,
garnie au bas d’une fraise. Par devant le reste du cou n’a point de plumes
, et la couleur de cette peau, qui est toute plissée, est bleuâtre. Le
jabot est très - proéminent : quand il est plein on le prendroit pour une
vessie que l’oiseau porte au bas du cou ; vidé il se ride et disparoît entièrement
sous de longues plumes qui, partant de chaque côté du cou,
sont ramenées naturellement par devant. Les pieds et les doigts sont blanchâtres
; les ongles sont couleur de corne, ainsi que le bout du bec , dont
la base est d’un blanc bleuâtre. Le bec est assez épais à son origine ; mais
parler de la superbe ménagerie de Blaauw-Jan à Amsterdam, et de celle du prince d’Orarge j
mais quand je vis cette dernière elle étoit fort dépeuplée.
Les cabinets d’bistoiro naturelle qui tiennent le premier rang en Hollande sont d’ab o rd , à la
Haye , celui du prinuts d’Uraiige , où l ’on remai-çiue le squelette rie la. Kiraiï'e. le superbe coquil-
lier de Lionet ; à Amsterdam , ceux de Temmiuck et de Raye de Breukelerwaert : ces deux cabinets
réunis formerolent la plus belle collection de l ’Europe. Outre les oiseaux, Raye possède une
superbe collection de minéralogie ; la plus belle suite et la plus nombreuse peut-être de l ’E u rope
, en papillons et en insectes, une auti-e de coquilles et une autre enfin de madrépores. I l a aussi
quelques quadrupèdes. A Amsterdam, on voit encore le cabinet ti-ès-nombreux d’oiseaux, du citoyen
Holtbuysen , qui possède aussi une grande et belle suite de papillons et d’insectes. Dans
la même ville se trouve le cabinet de M e y e r , en coquille s , et en animaux conservés dans de
l ’esprit de vin. Le cabinet de papillons et d’insectes de Stol ; celui dans le même geni-e de Rhin-
g ers; enfin, le cabinet de plantes et d’animaux à l ’esprit de v in , de Burman, etc. etc. etc.
On admire à Ha rlem, le cabinet de la société : annoncer que le citoyen Van Marum en est
le directeur et le professeur, c’est assez faire l ’éloge de ce cabinet, riche en tous les genres.
A Le yd e , la collection de l ’université, où j ’a i vu tme jeune giraffe empaillée, et l ’h ippopotame.
11 y a des objets assez rares dans ce cabinet; mais, en général, je n ’y ai point remarqué
l ’esprit d’o rdre, d'arrangement et sur-tout de propreté qui caractérise la nation batave.
A Hasserwoude , près de Leyde, se voit la belle collection de Boers , b ailli du lieu. Outre un
riche cabinet d’oiseaux , il possède une belle suite de quadrupèdes, où j ’a i vu les animaux les plus
extraordinaires et les plus rares. Sa collection contient aussi beaucoup de papillons et de coquilles.
A Rotterdam, j ’ai admiré la jolie collection des citoyens Gevers Arntz. Elle n’est pas très-
nombreuse ; mais ce sont toutes des pièces clioisies et des plus rares. On y voit aussi une belle
suite de papillons et d’insectes. L ’un de ces deux amateurs possède le talent de peindi-e supérieurement
bien les oiseaux : son porte-ièuillc dans ce genre est admirable pour les attitudes gracieuses
qu’il a su donner à chaque oiseau et par le coloris qui est vraiment celui de la nature. J ’ai
les plus grandes obligations à la plupart de ces amateurs , qui ont eu la bonté de me permettre de
prendre des dessins et des descriptions des morceaux rares de leurs cabinets. Le public leur saura
g r é , sans doute, de leur complaisance , puisque c’est elle qui m’a mis à même de le faire jouir à mon
tour de tous ces objets précieux. J’indiquerai toujours les cabinets dont j ’ai tiré les pièces que je
décrirai, et on peut être certain qu’il n ’cn est point que je n ’aie bien vu et bien examiné ; ainsi,
leur existence ne sera pas douteuse.
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il diminue insensiblement de grosseur jusqu’à sa pointe. Quand cet oiseau
est repu et qu’il digère, il rentre entièrement sa tête entre ses épaules. Son
bec pose alors, dans tonte sa longueur, sur le jabot. Toutes les parties
nues du cou ne paroissent plus ; sa cravatte lui entoure la tête, où elle
forme une espèce de soleil en rayons divergens ; et ses ailes, qui sont pendantes
, lui cachent les pieds. Toutes ses plumes sont si hérissées que,
dans cette attitude, on le prendroit plutôt pour une masse informe emplumée
, que pour un oiseau.
La couleur générale du Chincou est d’un brun uniforme, plus noirâtre
sur les pennes des aîles et de la queue, ainsi qu’au ventre. On le nour-
rissoit de viande crue qu’il dévoroit avec avidité. J’aurois désiré pénétrer
dans sa loge pour mesurer son envergure qui me sembloit excessive; mais
on me le déconsedla. En revanche, nous le harcelâmes en passant nos
cannes à travers le treillage de sa volière, après lequel il se cramponnoit
afors, en étendant ses aîles dans toute leur l o n g u e u r . A en juger par les
dimensions du panneau sur lequel 11 les frappoit, elles avoient au moins
neuf pieds d’etendue. Tranquille et perché, jamais cet oiseau n’avoit ses
aîles colées au corps, mais négligemment pendantes, comme il est représenté
dans notre planche.
Le citoyen Ameshofn’a pu rien m’apprendre de particulier sur les moeurs
de cet oiseau , qu’on me saura gré, je pense, de livrer à la curiosité des
amateurs d’histoire naturelle. Le tems nous apprendra peut-être quelles
sont ses habitudes et sa manière de vivre.
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Tome I. K
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