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lever, qu’ils commencent à se faire entendre ; et dans les belles niiiis ils
chantent sans discontimier jusqu’au point du jour. J’ai essayé nombre de
fois dénoter ce ramage, mais il m’étoit plus facile d’en contrefaire quelques
passages que de l’exprimer par l’écriture; cependant à force de le recommencer
et d’en, avoir séparément répété ses différentes phrases, je crois
1 avoir saisi autant bien qu’il soit possible de le faire. Je transcris ici d’a^irès
mon journal, celui qui m’a paru le pins approcher de la vérité : Cra-cra,
ga, gha-gJia-gha ; karouï, Itouï, iLouï-hoiiï-, glio-ghô ,ghor6o-ghnr6o -, ga,
ha-gach; Jiara-ga-gadi, ah-hag, lia-hag, harion-go-gocli, gJioïo-gQïo-goïo,
J’ai observé que les finales en ghorâo ctoicnt toujours chantées d’un tou
plaintif très-bas, et sembloient absolument partir de la gorge, tandis qu’au
contraire celles en a, et sur-tout les terminaisons en ach, avoient un éclat
inconcevable, et montoient successivement chacune de quelques tons plus
luuitqiiecellequilaprécédoit. La mesure du nombre de ces finales en adt.,
étoit subordonnée, àce qu’il paroit, aubesoin (jii’avoit l’oiseau dercprendre
Iialeine;caiTorsqu’il s’étoit dominé dés le conimencement de la phrase, il
en exjirimoit quatorze de suite, dont le dernier mon toit au moins de quatre
octaves plus liant que le premier, et de là retombant tout à coup en
ghordo d’un ton vraiment mélodieux, la phrase se tenninoit on goio-
go'io. Les sons haroi/ï, Jiouî-houï, étoient remarquables par une soiTe de
chevrottement qui les accompagnoit toujours, et qui n’étoit dû qu’aux
baitemens d’aîles qui très-certainement les accompagnoient.
S il étoit possible d’apprécier le langage des oiseaux d’après les tons
plus ou moins e.xpressifs qu’ils donnent aux différens sons qu’ils font
entendre, j’oserois assurer que c’est par cette k^r^^eharoiiï Jtouuï-homiï,
([ue celui-ci exprime à sa compagne les sentimens tendres qu’elle lui
inspire. Du moins, dans les momens de silence qui séparoient les phrases
entières du chant, je n’entendois plus que ces mêmes accens entremêlés
d’mi certain frémissement d’aise qui sembloit annoncer l'instant du plaisir
et précéder celui de la jouissance.
Cet oiseau chante pendant l’espace de trois mois à peu près. La saison
des amours passée, on ne l’entend plus, et il ne conserve le reste de
1 année qu un cri très-analogue à celui de notre engoulevent. Comme
lui, on ne 1 apperçoit pendant le jour que lorsqu’on passant près de sa
retraite 011 le force à se lever; en partant il n’a cependant point l’air de ne
pas voir clair, car il sc dirige très-bien à travers les arbres.
Lafemelle pond deux oeufs qui, comme je l’ai dit, sont blancs; elle
les depose à terre sans ancntie précaution , et presque toujours dans le
milieu duu sentier. Le mâle couve tout aussi bien que sa femelle; et
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