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LA C H O U E T T E (*)•
N o t r e Chouette ou grande chevêche, comme Fa nommé Bufibn ( i )
d’après Belon, se retrouve au Cap de Bonne-Espérance, où elle est tout
aussi commune qu’en France. Cette espèce est encore une de celles que
l’on voit également répandue, non-seulement dans toutes les différentes
contrées de l’Europe, mais qui se rencontre aussi dans les autres parties
du monde, où elle n’a pas varié d’une manière fort sensible. Les colons du
Cap donnent généralement le nom hollandois de uyl à toutes les espèces
de Chouettes indistinctement. Cclle-ci est fort commune sur les montagnes,
et particulièrement sur celles qni sont garnies de rochers ; elle couve
et élève ses petits dans leurs cavernes et s’y retire pendant le jour.
J’al reru de Cayenne une Chouette absolument pareille à celle du Cap
et d’Europe.
J’ai ouï parler souvent aux colons du Cap d’une très-petite espèce de
Chouette, sans oreilles ou aigrettes, que je n’ai jamais tuée, ni même ap-
perçiie. C'est probablement la chevêche (2) qu’ils vouloient m’indiquer.
Il est même plus que probable que cet oiseau se U'ouve aussi en Afrique,
puisque toutes nos autres espèces de Chouettes s’y trouvent également.
Cependant j e n’assurerai pas que la hulotte ou le cliat-lmant (3) h-abite cette
partie du monde, ite l’y ayant jamais vue, et n’ayant pas même entendu
dire qu’elle se trouvât dans aucun canton de la colonie.
(*) Je ne donne point la figure de cette Chouette, parce qu’elle ressemble absolument à celle que
nous trouvons en France.
(1) Voyez les planches enluminées de Buffon, N®. 438.
(?.) Idem, N®. 439-
(3) Id em , N“ . 437 et 441- Il a fait très-gratuitement doux espèces de la hulotte et du chat huant;
tandis que très-certainement son chat-huant n’est que la hulotte, dans son jeune âge, observation
dont je suis très-certain , ayant élevé plus de dix nichées de ces oiseaux. On voit que l'iis ch a eu
grande raison de regarder l ’un de ces oiseaux comme une simple variété de l ’autre, malgré ces prétendus
caractères par lesquels Buffon prétend les distinguer.
L ’EFITIAIE.
L ’ E F F R A I E.
L ’Effraie ouFressaie(i) est très-commune au Cap de Bonne-Espérance,
où elle a moins varié encore que les espèces dont j’ai fait mention dans les
articles précédens; car non-senlement elle y est absolument la même, mais
on trouve qu elle subit eu Afrique les mêmes variations qne dans nos
climats glacés : je l'y ai vue avec tout le dessous du corps, ainsi que toule
la face, d'une couleur roussâtre uniforme, qui est la livrée du mâle dans
son jeune âge. Quelquefois le roux des parties inférieures se trouve parsemé
de traits noirs; telle est la femelle dans son enfance. Adulte, le mâle
a le dessous du corps d’un beau blanc, et la femelle porte des tacbes longuettes
noires. Enfin, l’Effraie ou Fressaie est au Cap de Bonne-Espérance
absolument le même oiseau fju’eri Europe; mais comme dans ce jmys peu
liabité il n’y a ni vieux châteaux, ni vieilles tours, elle se tient dans les
cavernes des rochers, où elle pond, sur un amas de branches et de feuilles
sèches, sept à huit oeufs blancs. On l’apperçoit rarement pendant le jour;
mais le soir elle se répand par-tout, et même dans la ville et sur les habitations
à portée des rochers où elle se retire. Les colons, qui out rajiporté
dans cette partie du monde les préjugés populaires de l’Europe, voient
dans l’Elfraie le messager de la mort, et lui donnent le nom de dood-vogel
(oiseau de la mort). Us nomment les autres chouettes ujlen, nom liollàu-
dois de tous les oiseaux nocturnes en général.
Tout ce que nous venons de voir sur le peu de variations qu’ont subi les
mêmes espèces de chouettes en Europe et en Afrique, prouve assez que
les dllférens climats ne changent pas autant les couleurs que Buffon paroît
l’avoir cru. D’ailleurs, nous verrons, dans tous les genres, beaucoup d’autres
oiseaux d’Europe qui se trouvent aussi en Afrique, et qui sont
restés les mêmes sans avoir subi aucune altération, ni dans leurs couleurs,
ni dans leurs caractères.
Jusqu’ici nous avons vu le grand-duc, le moyen-duc, le scops. la chouette
et l’Eifraie; tous oiseaux qui n’étant certainement point voyageurs, habitent
probablement l'Afrique depuis la création du monde. Voilà donc déjà
cinq e.spèces bien constatées qui sont restées sans altération, depnis les
glaces du nord de l'Enrope, jusque dans les climats de la zone torride. Ces
espèces ue sont pas seulement confinées au Cap même, mais se trouvent
répandues dans l'intérieur de l’AlHque, et sans doute'jusque sous la ligne.
J ai tué des Effraies au Cap même, j'en ai tué chez les Grands Namaquois,
(i) Voyez les planches ciiliimirècs de Buffon, N®. 440.
Tome I. E e
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