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MO H I S T O I R E N A T U R E L L E
j’en ai reçu du Sénégal, de l’Amérique méridionale, de la Chine, et enfm
•une de Russie; et je puis assurer n’avoir remarqué dans tous ces individus,
quoiqu’ils aient habité des climats bien opposés, aucune différence
sensible. Si en effet, la nourriture et la température influoient si fort sur
la couleur des oiseaux, comme le prétend Buffon à chaque page de son
ornithologie, pourquoi trouveroit-on sous la ligne des oiseaux dont le
plumage est aussi terne et aussi simple que celui de nos oiseaux d’Europe?
Non-seulement ceci a lieu, mais il est à remarquer même que toutes les
femelles des espèces les plus brillantes, tels que les colibris, les oiseaux
mouches et les sucriers, ont des couleurs sombres et unifoi'raes; tandis
que leurs radies sont si vivement colorés qu’il semble que leurs plumes
soient autant de pierres précieuses. Cependant ces femelles prennent certainement
la même nourriture et habitent constamment et immédiatement
la même température que leurs mâles. D ’ailleurs, quoique nos oiseaux ne
soient généralement point aussi brillans que certains oiseaux des pays
hrûlans, on voit cependant sur le plumage de beaucoup d ’espèces, des couleurs
tout aussi vives que les leurs. L e rouge de nos pics et de notre chardonneret;
le bleu de notre martin-pêcheur et du rolier; le jaune du loriot;
l ’éclat de notre étourneau et de la queue de la pie, ne le cèdent en rien à
ces mêmes couleurs dans les oiseaux de l’Amérique ou de l’Inde; et de
p lu s , le paon, le faisan doré de la Chine et tant d’autres oiseaux des Indes
ou d’Amérique, que nous sommes parvenus à acclimater chez nous, n’y
sont pas dégénérés encore pour le brillant et l’éclat de leurs couleurs ;
cependant il en est quelques-uns dont la transplantation date de plusieurs
siècles. Aussi Buffon ne manque-t-il pas de paroitre croire que notre martin-
pêcheur s’est échappé de ces climats : «où le soleil, dit-il, verse avec les
flots d’une lumière plus pure, tous les trésors des plus riches couleurs.
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