
¥‘1:
précipite, plutôt il est pris ; parce que le Blanchard, parcourant pendant le
même tems la ligne la plus courte, se trouve toujours au passage , et saisit
sa proie au moment où souvent elle croit lui échapper. Ce n’est que lorsque
le ramron est forcé de gagner la plaine, que le Blanchard vole droit sur
lu i, et le prend en un instant, parce qu’alors il est déjà très - fatigué ;
mais il est fort rare qu’il ose quitter le bois, vu que son unique ressource
est d’arriver dans le plus épais des arbres , où les mouvemens du Blanchard
se trouvant gênés , il peut espérer d’échapper à la mort.
Le Blanchard plume sa proie avant de la déchirer, et c’est toujours perché
sur les branches basses d’un gros arbre , qu’il la dévore, ou sur le tronc
d’un arbre renversé, ou sur un rocher, enfin sur un endroit élevé, mais
jamais à terre.
Le Blanchard ne fréquente que les forets ; il se tient de préférence dans
les endroits où se trouvent les plus grands arbres, et où il y en a le moins;
parce que, découvrant mieux tout ce qui lui paroît propre à faire sa nourriture
, c’est de-là que, tapis derrière une grosse branche, il guette les rainions
et les perdrix de bois, qu’il saisit en se précipitant avec bruit de dessus
l ’arbre sur la troupe. 11 se nourrit aussi d’une très-petite espèce de gazelle,
qui ne se trouve que dans les forêts; j’en ai parlé dans mes voyages sous
son nom hottentot de
J’ai eu long-tems le plaisir d’obseiver un couple deBlanchards, mâle
et femelle, qui étoit établi près de mon camp dans les bois du charmant et
délicieux pays d’Auteniquoi. Je les ai examinés pendant plus de trois semaines
avant de les tuer. Assis au pied d’un arbre, je passois des matinées entières
à observer tous leurs mouvemens et toutes leurs ruses. Comme, dans
ce tems , ils étoient occupés à couver, et que jamais le n id n’étoit vaquant,
je me voyois sûr de les retrouver chaque jour dans les mêmes lieux. Quand
l ’un d’eux s’étoit saisi d’une proie quelconque, tous les corbeaux des environs
accouroient par troupes innombrables ; criant autour de lu i , et cherchant
à avoir leur part du butin; mais l’aigle paroissoit mépriser ces
oiseaux piaillards, qui, n’osant approcher de trop près, se contentoient de
se jeter sur les débris qui tomboient de l ’arbre où le Blanchard dévoroit
paisiblement sa proie. Quand il se présentoit dans l’arrondissement un oiseau
de rapine quelconque, le Blanchard mâle le poursuivoit à toute outrance
jusqu’à ce qu’il fut hors de son domaine. Les plus petits oiseaux
pouvoient tous impunément s’approcher jusque sur le nid même de cet
aigle qui ne leur faisoit aucun mal ; ils étoient même là en sûreté contre
les attaques des oiseaux de proie d’un ordre inférieur.
Les aîles du Blanchard ne paroisscnt point être d’une envergure aussi
Tome 1. C
M