planches enluminées de Buffon, cet oiseau est très-mal rendu, tant pour
sa'forme que pour ses couleurs ; et il est encore à remarquer que la description
de ce petit vautour dans Buffon ne s’accorde nullement avec la figure
enluminée qu’il en donne; ce qui est fort ordinaire chez lu i , comme il
est facile de le vérifier.
I l doit paroître plus qu’étonnant que B uffon, en parlant de son petit
vautour, ou vautour de Norwège, qui est l’Ourigourap des Hottentots,
n’ait point fait mention de la forme singulière du bec de cet oiseau ; et
qu’ensuite, n’y reconnoissant point le sacre égyptien de Belon ( i) , qui est
très-certainement encore le même oiseau , il nous dise que ce sacre égyptien
est un oiseau d’un autre genre, qu’il faut séparer des vautours. Comment
Buffon, qui s’est apperçu, par la seule description de Belon, que
cet oiseau apparteuoit è ,in autre eenre, n’a - t - i l pas remarque que Mn
petit vautour et son urubu avoient absolument le même bec; qui est différent
de celui de tous les autres vautours et même de tous les auti-es oiseaux
de proie connus? Je dois encore conclure de là qu’en parlant du petit
vautour ou vautour de Norwège, Buffon ne l’a point examine, et que
peut-être il ne l’a même pas v u ; quoique cet oiseau soit au Cabinet N a tional
, où je l’ai comparé avec une grande attention à l’Ourigourap. Je sms
donc convaincu que ce vautour de Norwège du Cabinet National, qui est
le même individu qui a servi pour le dessin des planches enluminées, N".
449, est de la même espèce que l’O iirigourap du Cap de Bonne-Espérance.
S ’il est par conséquent vrai que l’oiseau du Cabinet National ait été tué
en Nonvège, il est certain que l’Ourigourap se trouve et en Aliique et
dans quelques parties de l’Europe. Il habite probablement presque toute
l’Afrique méridionale , puisque je l’ai vu depuis le Cap jusque vers le tropique
, où il étoit même infiniment plus commun qu’ailleurs.
S i , comme le dit Buffon, l’achbobba, qne le docteur Shaw a vu en
E g ypte, est le même oiseau que le sacre d’Egypte de Belon, ce que je ne
déciderai pas , d’après la courte notice qu’en donne Shaw ; ii me paroit au
moins certain que les éperviers que Paul Lucas a remarqués aussi en Egypte,
ne sont pas, comme il le prétend encore , de la môme espece ; car, suivant
Paul Lucas, ces éperviers sont de la taille d’un corbeau, et ont la tete d un
vautour, avec les plumes du faucon. Il suffit de jeter un coup-d’oeil sur notre
planche enluminée, N ”. i 4 , pour voir que l’Ourigourap ( q u i, comme
je l’ai d it , est le même oiseau que le sacre d’Egypte de Belon, le petit vautour
décrit par B uffon, ou le vautour de Norwège de ses planches enluminées,
et enfin le vautour à tête blanche de Brisson) n’a aucune plume qui
ait quelque rapport avec celles des faucons ; et qu’on outre k taille do ces
(i) Belon, llls lo ire des o is ea u x , page i
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éperviers est encore très-différente ; car i’Ourigourap est beaucoup plus
fort qu’un corbeau, puisqu’il approche de la taille d’un dindon femelle.
L e front, le tour des yeux et les joues jusqu’aux oreilles, sont nus
dans l’Ourigourap et d’une couleur safranée. Cette couleur est plus vive
dans la partie du bec où sont placées les narines ; ia gorge est couverte
d’un lin drivet rare, qui laisse appercevoir la peau, qui est jauniitre, ridée
et capable d’une grande extension. L e haut de la tête et tout le cou sont
couverts de plumes longues, effilées et détachées entre elles en brins désunis,
sur-tout par derrière et sur les côtés. L a couleur générale de cet oiseau
est d’un blanc sali de fauve, principalement sur la partie supérieure du
corps , et sur les scapulaires ; les grandes pennes sorit noires, les moyennes
sont d’une couleur fauve dans leurs parties extérieures et noirâtiies dans
celles qui se. trnnvftnt narhée.s lorsque l’aîle.est ploy.ée. T.A'queue est d’un
blanc-roux ; elle est étagée, les plumes du milieu étant les plus longues
et les autres devenant successivement plus courtes ; de sorte que la dernière
de chaque côté est la plus courte de toutes. Le bout du bec et les
ongles sont noirâtres ; les pieds ont une couleur bnui-jaune; le jabot proéminent,
et qu’on apperçoit beaucoup quand il est plein, est n u , et d’une
couleur jaune safrané.
Dans cette espèce, la femelle diffère du mâle en ce qu’elle est un pexx plus
forte, et que la couleur de la base de son bec et de sa téte est moins rougeâtre
et tire davantage sur le jaune. Dans son jeune âge , rOurigourap a
toute la partie nue de la tête et de la gorge couverte d’un duvet grisâtre ;
et dans les mois de novembre, décembre et janvie r, qui est le teins des
amours , la couleur du bec du mâle est plus rouge que pendant le reste de
l ’année.
Je soupçonne beaucoup que le vautour brun de Brisson, tome I, page
455, ou le vautour de Malthe de Buffon, planches enluminées, N". 427,
n’est qu’une variété de l’Ourigourap; je ne l’assurerai pourtant pas, n’ayant
jamais vu cet oiseau en nature et ne le connoissant que p ar la description
de Brisson et la figure coloriée que j’ai citée ci-dessus.
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