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très-gros sont renforcés de grandes écailles brunes; les ongles larges et ti'ès-
peu arqués, sont, ainsi que lo bout du bec, couleur de corne; l’oeil est entouré
de longs cils noirs ; l’iris est d’un brun maron.
Ce vautour est un oiseau de montagne, comme les antres espèces de ce
genre ; les abris que forment les conciles pierreuses et les cavernes qui s’y
rencontrent sont proprement J’iiabitation de ces oiscamv. Ils y passent la
nuit et viennent s’y reposer pendant le jour, lorsqu’ils sont repus ; on les
apperçoit en grand nombre, au lever du soleil, percliés sur les rochers à
l’entrée de leur demeure , et quelquefois uiio chaîne entière de montagnes
en est parscinee dans la majeure partie de toute son étendue. Le frottement
des pierres dajts les intervalles desquelles ils s’enfoncent, ou sur lesquelles
ils se juchent, éJime les pennes de leurs queues; pendant qne les aigles,
marchant plus rarement et se perchant aussi sur les arbres, les conservent
plus entières; d’ailleurs, les vautours l’usent encore contre le sol dans la
plaine, parce qu’ils ne prennent pas leur essor tout d’un coup, mais seulement
après une course do quelques pas, et une contraction forcée des
membres. Lo vol des vautours n’en a cependant pas moins de force et de
hauteur; ils s’élèvent prodigieusement haut, et disparaissent totalement
à la vue. On ne conçoit pas comment ces oiseaux qu’on ne sauroit souvent
dastingucr dans les airs, peu,cm ■^^^^r-rnèmes appercevoir ce qui se passe
sur la terre, y découvrir les animaux qui leur servent de pâture, et fondre
sur eux en grand nombre au moment que la mort leur livre cette proie
Si un chasseur tiic quelque grosse pièce de gibier, qu’il ne peut emporter
sur l’heure, s’il l’abandonne un instant, à son retour il ne la retrouve
plus ; mais à sa place , il voit une bande de vautours, et cela dans un lieu
■ où il n’y en avoit pas un seul un qnart-d’heure auparavant.
C est ce que j’ai éprouvé moi-même plusieurs fols dans mes voyages do
la part des vautours, soit de l’espèce de celui dont il est question, skt de.,
autres dont j’ai encore à parler; car tous ces voraces carnivores se réimis-
sent et se mêlent dans cette circonstance. La première fois que je demeurai
leur dupe , fut dans une occasion où j’éprouvois la disette de provisions ;
et par conséquent la leçon qu’ils me donnèrent me fut assez sensible. J’avois
tué trois zèbres; satisfait de ma chasse, je retournai à mon camp,
dont j étois éJoignc d’iine lieue, et je commandai qu’on amenât un ciia-
riot pour les enlever. Mes Hottentots, plus instruits que moi, me dirent
que ce voyage leur paroissoit inutile, parce que les zèbres seroi'ent dévorés
avant notre retour. Nous partîmes cependant ; mais à peine nous
nous avançions que nous vîmes de loin l’air rempli de vautours. En arrivant
nous en trouvâmes la campagne parsemée; les zèbres étoient dévorés
; il n en restoit que les grands os, et cependant les vautours arrivoient
encore; et de tons côtés, c’étbit un essaim étonnant et toujours mobile de
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ces animaux, dont on aurait pu compter plus de mille individus. Curieux
d observer comment pouvoit sitôt arriver un si grand nombre de vautours,
,e me cachai un jour dans un buisson, après avoir tué une grande
gazelle , que je laissai sur la place; dans un instant il vint des corbeaux
qm voltigèrent au-dessus de l’animal en croassant beaucoup; en moins
dun demi-quart-dheure, il arriva des milans et des buses; un instant
après,, apperçus, en levant la tête, des oiseaux à une prodigieuse hauteur,
et qui descendoient toujours en tournoyant. Je ne tardai point à reconnoitre
les vautours : on eût dit qu’ils s’échappoient d’un antre dans le ciel.
Les premiers ne tardèrent point à fondre sur la gazelle ; je ne leur donnai
pas le tems de la dépécer; je .sorti, rie ,„.a cachette; ils reprirent lourdement
leur vol, et rejoignirent leurs camarades, dont l’affluence augmen
tort à vue d’oe il, et qui sembloient se précipiter des nues pour partager
la proie; mais ma presence les ht bientôt tous dlsparoître dans les airs.
Voici donc comment les vautours sont appelés à partager une proie
quelconque : les premiers oiseaux carnivores qui découvrent un cadavre
onnent l ’eveil aux autres qui se trouvent aux environs, tant par leurs cris
que par leurs mouvemens. Si le vautour le plus à portée ne voit pas la
proie de k haute région de l’air dans laquelle il nage au moyen de ses
gran es ailes, il voit du moins le.s ci-«a—- Uo proie suWliernes ei rerres-
rtes, pour .ain.sj rli™, r;ul sè préparent à en faire curée; mais peut-être
le vautour a-t-il k vue assez bonne pour découvrir le gibier lui-même
i l descend donc à k hâte et en tournoyant; sa chûte avertit les autrcsi
vautours qui le voient, et qui ont sans doute l’instinct exercé et l’instruction
complète sur tout ce qui concerne k pâture. Il se k it donc, dans le
voisinage du cadavre, un concours d’oiseaux carnivores qui tombent des
nues, et qm suffit certainement pour amener les vautours de toute k
contrée, à peu près comme le mouvement do quelques hommes qui courent
dans nos villes, amène tout le peuple après eux.
On peut quelquefois tirer une notion utile de l’alïïuence des vautours
vers le heu qm recèle leur proie, et s’instruire du voisinage du lion du
tigre et de l’hieune. Lorsqu’un de ces animaux a tué quelque grand quadrupède,
les vautours, qui l’ont apperçu, arrivent aussitôt, et toujours
avec une affluence qui avertit le voyageur de se tenir sur ses gardes; mais
ces oiseaux, timides et lâches, ne se sentant pas le courage de disputer
une proie , montrent, dans cette occasion, toute la bassesse de leur caractère;
car, n’osant faire usage de leur force, de leurs armes, de k
masse du corps et de l’avantage du vol, ni même de celui du nombre
moyen le plus stimulant pour les lâches, on les volt se poser re,spectueu-’
sement à quelque distance de l’animal féroce, attendant qn’il ait lini son
repas et que sa faim contentée et sa retraite leur permettent de dévorer les
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