146 HISTOIRE
J'ai vu dans sa bouche deux j augées marginales
de petites dents aiguës à chaque mâchoire
; deux autres rangées palatales de
dents semblables à la mâchoire supérieure,
et une langue extensible, longue et trèslourchue.
Nous avons annoncé dans le courant de
cet ouvrage que le boa devin est le serpent
fetiche des nègres de Guinée ; il paroît que
iaboma, ou une espèce voisine, a aussi été
en vénération chez les mexicains, selon
Lacépède. Cet auteur cite un passage extrait
de rUistoire générale des voyages (j), duquel
il résulte que la divinité suprême de
ce peuple étoit représentée tenant dans sa
main droite un serpent. Les temples et les
autels de cette divinité, à laquelle ils faisoient
des sacrifices barbares, ofïroient l'image d'un
serpent.
Si l'on parcourt tout ce que les voyageurs
ont écrit sur les boas monstrueux d'Amérique
, on rencontre beaucoup de détails
exagérés sur leur taille , mais très-peu de
faits intéressans et vraisemblables sur leurs
habitudes. 11 paroît seulement que tous s'accordent
à dire qu'ils se tiennent au bord des
(i) Hist, généf. des voyages, in-i2, lom. XLVIIL
D E S BOAS. 147,
eaux, dans les endroits marécageux. Un
missionnaire raconte qu'il vit un jour un
serpent chasseur qui enfonçoit sa tête dans
l'eau et Yy tenoit plongée pendant quelque
terns pour y pêcher des poissons. Quelquefois
on a vu cet animal entortillé à moitié
autour d'une branche placée au dessus de
l'eau, et se tenir en embuscade, prêt à lancer
sa tête sur le premier quadrupède qui vient
se désaltérer près de lui, ou sur les poissons
qui s'élèvent à la surface de l'eau.
Lorsqu'un grand aboma a passé récemment
dans un lieu couvert d'herbes, ou sur
un terrain sablonneux et humide , on reconnoît
facilement ses traces, car il forme
par sa pesanteur considérable et par le frottement
de son ventre une traînée large et
plus ou moins profonde. On diroit que des
nègres y ont fait passer le tronc d'un gros
arbre.
Il faut évidemment rapporter à l'aboma
le boa cenchris des naturalistes, et qui habite
à Surinam, Linnoeus dit, dans la dixième
édition de son Systema naturoe , qu'il est
jaunâtre, avec des taches ocellées, blancMtres,
entourées d'un gris cendré; il lui
indique deux cent soixante-cinq plaques
sous le veatre, et cinquante - sept sous la