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5O2 H I S T O I R K
du tome V de cette Histoire naturelle des
reptiles, nous avons vu qu'il est possible
de prendre des crotales vivans et non engourdis
à la main, en ayant soin de ne les
pas serrer fortement, et en se tenant trèsattentivement
sur ses gardes. Il est souvent
arrivé à des voyageurs de passer très-près
d'un crotale , et de le toucher presque avec
le pied sans en être mordu. L'animal se
roule aussitôt en spirale, et attend de nouvelles
provocations pour s'élancer. Si l'on
s'éloigne , il s'alonge doucement et rampe
en ligne droite, en tenant ses sonnettes
redressées, et en les secouant de tems en
tems pour donner le terrible avis. Si on le
provoque de nouveau, il s'arrête et se roule
en spirale, il fait mouvoir avec vitesse ses
sonnettes, sa tête et son cou s'aplatissent ,
ses joues s'enflent, ses lèvres se contractent,
ses mâchoires très-écartées laissent voir leurs
crochets redoutables ; il darde fréquemment
sa langue longue et fourchue, son corps se
gonfle et s'affaisse successivement par la
colère; il menace, mais il ne s'élance jamais
qu'il ne soit sûr d'atteindre son ennemi.
Les crotales, de même que les autres
ophidiens, sont très-Ienfs dans leurs mou-^
vemens , et ne sont réellement redoutables
D E S CROTALES. 5o3
que pour les animaux dont ils se nourrissent,
et pour ceux qu'une audace aveugle porte
à les provoquer sans se mettre à l'abri du
danger. Ces terribles reptiles se retirent
sous des arbres, dans les lieux humides et
ombragés, se cachent dans les hautes herbes
et y guettent leur proie. On a prétendu
qu ils répandent autour d'eux une odeur
fétide particulière qui sert à indiquer les
heux où ils sont : Kalm et Tyson nous ont
laisse quelques détails sur ce fait; mais il
paroît qu^on l'a beaucoup trop exagéré.
Dans les parties de l'Amérique septentrionale,
où le froid devient un peu vif et
où l'hyver est rigoureux , les crotales et
plusieurs autres reptiles y passent quelque
tems engourdis près des sources, dans des
lieux couverts qui ne peuvent être pénétrés
par la gelée.
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