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1^4 histoire
des plaques entières sous ]e corps et la
queue. 11 ne faut pas s'élonner que toutes
les descriptions de ces animaux, publiées
jusqua présent, soient plus ou moins incomplettes,
et qu'on ait confondu ensemble plusieurs
espèces très-différentes; car on ne
peut posséder dans les collections ces grands
animaux bien entiers dans des liqueurs.
Linnasus a lui-même commis des erreurs
assez graves dans son travail sur l'histoire
naturelle des serpens. C'est ainsi, par
exemple, qu'il a regardé comme synonymes
les grands devins d'Afrique et d'Amérique;
non seulementils diffèrent entre eux comme
espèces, mais il y en a qui doivent appartenir
à d'autres genres. Cependant l'aboma
est un véritable boa de l'Amérique méridionale
, qui parvient à une grandeur colossale
, suivant le témoignage de plusieurs
voyageurs dignes de foi. Ce serpent a été
très-bien observé par Stedman, qui en a
donné une bonne figure avec une description
assez intéressante dans la Relation de
son voyage k Surinam et dans l'intérieur de
ia Guiane. Comme je n'ai pas vu cet animal
bien conservé, je ne crois donc pouvoir
mieux faire que de citer ici les propres
expressions de Siedman.
D E S BOA S, 335
« J'étois, dit-il, étendii dans mon laamac,
pendant un intervalle de ma fièvre, et le
Caron se trouvoit à moitié chemin, entre les
criques de Cormo etibo et de Barbaco eba,
quand la sentinelle m'appela pour me dire
qu'elle voy oit quelque chose de noir qui
se remuoit sur le rivage dans des broussailles,
et qui ne répondoit pas; mais que
d'après sa forme on devoit conclure que
c'étoit un homme. Je fis aussitôt jeter l'ancre,
et quoique je fusse malade, je descendis dans
le canot, et je m'avançai vers le lieu désigné.
Soupçonnant que l'objet vu par la sentinelle
pouvoit être un espion, ou quelque rebelle
détaché en avant, je pris terre pour m'en
assurer : alors un des esclaves , nommé
David , déclara que ce n'étoit pas un nègre,
mais un grand serpent amphibie, qui sans
doute n'étoit pas éloigné du rivage , et que
j'aurois la facilité de le tuer si je voulois.
La grosseur extraordinaire de l'animal, mon
état de faiblesse, la difficulté de pénétrer à
'travers d'épais buissons au bord de l'eau
me retinrent, et je donnai l'ordre de rentrer
à bord. Alors David me demanda la permission
de s'avancer pour tuer lui seul le
serpent qui ne pouvoit pas être à une grande
distance, et il m'assura qu'il n'y avoit
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