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64 OBSERVATIONS
n avons reconnu aucune odeur particulière
et capable de produire l'effet qu'on suppose.
Je terminerai cet aperçu par une observation
des plus curieuses, des plus importantes
, et qui nous explique un ancien
préjugé aussi injurieux à la Nature qu'il est
incroyable, et démenti par la propagation
et par la régénération constante et non interrompue
de tous les êtres vivans. Les
habitans de la Martinique (1), et ceux des
(i) Dans un Mémoire que j'ai envoyé de Philadelphie
à l'Institut national, j'avois consigné l'observation
dont je vais faire mention. Elle avoit rencontré
quelques incrédules , quoique j'assurasse avoir vu.
J'étois résolu d'attemlre que le tems et des observations
d'autres voyageurs travaillassent à ma justification
en convertissant l'incertitude en réalité. Mais
le Hasard m'ayant servi plus promptement que je ne
comptois, je me suis empressé de communiquer à
l'Institut national la confirmation d'un fait aussi
extraordinaire ; voici à cet égard la lettre que m'écrivit
à son arrivée d'Amérique Moreau Saint-Méry,
conseiller d'état envoyé à Palerme , homme avantageusement
connu dans la république des lettres , et
digne de foi.
« J'ai repasse mes notes, mon cher confrère , et j'y
trouve bien positivement, comme dans ma mémoire,
qu'à la Martinique , ma patrie , qui est aussi celle des
serpens par milliers, il passe pour constant que la
lieux
S U R LES SERPENS. 65
îieux où l'on rencontre des vipères sont aujourd'hui
même encore imbus de ce préjugé.
Ils croient que les femelles des serpens
mangent leurs petits lorsqu'ils sont tièsjeunes,
et à une époque voisine de celle où
elles leur ont donné le jour. Ce préjugé ,
tout incroyable qu'il est, parce que s'il eu
étoit ainsi la lace des serpens seroit éteinte
depuis long-tems, tire cependant son origine
d'un fait faussement interprété. Cette erreur
est d'autant plus facilement accréditée quç
la répugnance irréfléchie qu'inspirent tous
les serpens, prête à toutes les idées défavorables
qu'on peut présenter contre eux.
L'observation suivante rétablit le fait dans
toute son intégrité. Dans le premier voyage
femelle de cet animal mange ses petits lorsqu'ils sont
Irès-jeunes , et sur-tout à une époque voisine de celle
où elle leur a donné le jour. Je regarde cette opinion
universelle comme le même fait que celui de votre
observation sur la retraite que la femelle du serpent
à sonnettes donne dans sa gueule à ses petits , retraite
d'où elle les laisse sortir lorsqu'elle les croit affranchis
de tout danger.
K Quant à votre observation même , M. Guillemart
m'a dit qu'il l'avoit vérifiée depuis vous, et que vous
n'assuriez qu'un fait vrai jî. P. B.
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Reptiles. TOME V. E