O B S E R V A T I O N S
langue fourchue s'agite rapidement au dehors;
ses yeux brillent comme des charbons
^rdens; son corps gonflé de rage s'abaisse et,
s'élève comme mi soufflet; sa peau dilatée
est hérissée d'écaillés, et sa queue, en produisant
un bruit sinistre, oscille avec tant
«Je rapidité, qu'elle ressemble à une légère
yapeur. Alors le çanadien commence à jouer
!§ur sa flûte : le serpent fliit un mouvement
de surprise et retire la tête en arrière; il
ferme peu à peu sa gueule enflammée. A
mesure que l'effet magique le frappe, ses
yeux perdent leur âpreté; les vibrations de
sa queue se ralentissent, et le bruit qu'elle
fait entendre s'affoiblit et meurt par dégrés.
Moins perpendiculaire sur sa ligne spirale,
les orbes du serpent charmé s'élargissent, et
viennent tour à tour se poser sur la terre en
iîercles concentriques ; les écailles de la peau
s'abaissent et reprennent leur éclat ; et
tîournant légèrement la tête , il demeure
immobile dans l'attitude de l'attention et
du plaisir. Drans ce moment, le canadien
jaaitrehe quelques pas en tirant de sa flûte
des sons lents et monotones. Le repfile ,
baissant son cou, entr'ouvre avec sa tête les
herbes fines, et se met à ramper sur les traces
du musieiea qui Ifentraine, s'arrétant lors^
S U R LES SERPENS. ÎO3
qu'il s'arrête, et commençant à le suivre aussitôt
qu'il commence à s'éloigner. Il fut ainsi^
conduit hors de notre camp , au milieu
d'une foule de spectateurs , tant sauvages
qu'européens, qui en croyoient à peine leurs
yeux. A cette merveille de la mélodie, il
n'y eut qu'une seule voix dans l'assemblée
pour qu'on laissât le merveilleux serpiïnt
s'échapper. » (Journal de commerce, n" loo ;
lo nivose, an lo.)
Culte rendu aux serpens.
Nous avons déjà fait remarquer, dans le
Courant du premier volume de cette Histoire
naturelle des reptiles ( pages 280 et
suivantes), que les serpens ont été adorés
par divers peuples de l'antiquité; et plusieurs
espèces le sont encore à présent, soit
en Afrique , soit dans l'Indostan. On ne
voit pas avec un moindre étonnement, et
sans former des rapprochemens réellement
curieux, que les crotales ou serpens à sonnettes
sont également vénérés par les indiens
de l'Amérique septentrionale, sur-tout par
ceux qui vivent dans quelques contrées de
la Floride. W . Bartram (1) a remarqué
(T) « Un jour , dit Barlram , on m'annonça que des
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