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et fermée. Dans cet intervalle de deux jours
ce reptile a mangé un oiseau mort, de la
même espèce que celui qui y étoit vivant,
et auquel il n'a pas touché.
Un aufre oiseau également vivant, I@
cardinal ( loxia cardinalis ) , loin d'être
effrayé de se trouver en compagnie du boiquira,
s'amusoit à becqueter dans la cage
et à ramasser les grains de millet qu'on y
avoit jetés; il changeoit souvent de place:
nous l'avons même vu se reposer sur le dos
du reptile; mais au bruit des grelots il s'est
retiré.
On a présenté au même serpent des
grenouilles de plusieurs espèces, mortes et
vivantes : il n'a touché à aucune. Il n'en
est pas de même du serpent noir; ce dernier
se précipitoit sur les grenouilles, et il
nous a paru préférer les rainettes. Le même
serpent se jetoit aussi sur les mouches et les
insectes.
Enfin un rat commun a été mis vivant
dans îa même cage avec le boiquira ; à peine
y a-t-il été introduit que le reptile a paru
s'animer; le rat , un peu effrayé, fuyoit du
côté opposé au serpent. Cette chasse a duré
J'espace d'environ quarante secondes, avec
beaucoup de sang-froid de la part du boi-
S U R LES SERPENS. 65
quira et beaucoup de promptitude à fuir de
la part du rat. Au bout de ce lems, le reptile,
trouvant le moment favorable, s'est
élancé sur sa proie et l'a mordue. Le rat
alors a couru inconsidérément autour de la
cage : le boiquira ne se remuoit plus. Au
bout d'une minute environ, le rat étant
prodigieusement enflé tomba dans des convulsions,
mourut, et fut avalé par son ennemi.
Ces convulsions sont sans doute ce
que quelques observateurs anciens ont pris
pour l'effet de l'enchantement ou d'une
frayeur extraordinaire ; mais elles ne sont
que l'effet de la douleur et de l'agonie.
Ces expériences ne suffisent peut-être pas
pour résoudre entièrement et pour déterminer
le moyen dont les serpens font usage
pour saisir leur proie, si facile à leur échapper
par la course ou par le vol; mais elles me
paroissent suffisante^ pour faire rejeier toute
idée de fascination, d'enchantement, de
frayeur surnaturelle et de vapeur suffocante.
Quant à ce dernier article , je ne dois pas
oublier de dire que les neuf boiquiras que
»ous avons pris avec Peale sont restés près
de trois semaines dans la même boîte; que
l'ayant ouverte au bout de ce tems, nous