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56 OBSERVATIONS
enfin ont imaginé que les serpens répandent
autour d eux une odeur fétide , à Taide de
laquelle ils suffoquent les oiseaux , les écureuils,
les lapins et les différens animaux
charmer les animaux plus foibles qu'eux, et dont ils
se nourrissent. Je crois qu'il est même possible d'expliquer
cette faculté particulière aux serpens d'une
manière assez plausible , sans être obligé de la considérer
comme une puissance magique.
Lorsque nous aperce vons auprès de nous un animal
dont la férocité nous est connue , et que nous nous
voyons exposés à un danger pressant , la première
sensation que nous éprouvons est l'effroi , et cette
sensation est tellement violente dans les individus
foibles et timorés , qu'elle leur ôte momentanément
toute aulre^ faculté , et qu'ils ne peuvent ni crier ni
s'enfuir. L'effroi produit en eux une sorte de délire
ou de stupeur qui ne leur permet pas de pourvoir à
leur conservation. C'est cette sensation portée à un
très-haut dégré qui fait sans doute que les plus foibles
animaux, tels que les petits quadrupèdes et les petits
oiseaux, deviennent si facilement la proie des serpens.
A cette cause on peut encore joindre, mais comme
secondaire, celle que Palisot Beauvois a indiquée ciaprès.
F. M. D.
« Lorsque je voyois à mes pieds un serpent à sonnettes
roulé en spirale et prêt à s'élancer, dit Bartram,
je m'éloignois précipitamment, à moins que l'horreur,
»l'engourdissant les membres, ne m'enchaînât sur la
place, et ne m'ôlât pour quelcjucs inomens la force de
S U R LES SERPENS. 67
dont ils se nourrissent. Il seroit difficile sans
doute de déterminer quels sont les moyens
que ces animaux , dans l'état de liberté ,
emploient pour attirer leur proie; je pense
même que ce seroit s'exposer à errer, que
de les admettre uniformes pour toutes les
espèces. Eu effet, pouvons-nous croire, par
exemple, que la couleuvre noire {coluber
constrictor), qui rampe avec une promptitude
surprenante, qui grimpe sur les arbustes,
et qui n'est nullement venimeuse (1),
fuir ,,. ( W . Barlram, Voyage dans la Caroline,
tom. II , pag. 2. )
Francis Rowe, de Philadelphie H , allant voir un
de ses amis , son cheval s'arrêta tout-à-coup , épouvanté
par un énorme serpent à sonnettes qui barroit
la route. Rowe, qui avoit entendu parler du prétendu
pouvoir de charmer ^iivihak à l'animal de cette espèce,
mit pied à terre pour détourner son cheval ; mais le
serpent s'étant entortillé pendant ce tems, fit entendre
le son effrayant de sa queue, et fixa l'homme avec des
yeux si pleins de feu , que celui-ci se crut attaché à la
terre , et qu'une sueur froide lui coula de la tête aux
pieds. Mais bientôt le courage l'emportant sur la peur,
Rowe s'avança contre le serpent, et le tua d'un coup
de fouet. F. M. D.
(i) Rien de plus doux et de plus innocent que ce
reptile : j'en ai pris avec la main nombre de fois , et
(^J Voyage de Stedman à Surinam, iu-8°, tom. III, p. igS.
, 3lifil
r , II. 4 .
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