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142 HISTOIRE
» Cet animal est amphibie et se plaît
dans les terres basses.et marécageuses, où il
se tapit, en se serrant en rond comme une
corde sous des monceaux de bois pourri
sous de la mousse et des feuilles. Il se cache
amsi pour prendre son ennemi par surprise,
son immense étendue ne lui permettaient pas
de le poursuivre. Quand il est aiFamé, il dévore
les animaux qu'il peut atteindre; il lui
importe peu que ce soit un paresseux, un
sanglier un cerf ou un tigre. Au moyen de ses
ergots il se cramponne et s'entortille autour
- d e sa proie, de manière qu'elle ne peut lui
l^^chapper; il brise avec une force irrésistible
ies os du corps de l'animal qui lui sert de
pâture. Pour rendre chaque morceau plus
coulant, il renduit d'une bave ou de glaires
quil tire de sa bouche; et enfin il y fait
entrer le tout qui disparoît entièrement.
L aboma ne peut alors changer de situation :
ia proie quil a avalée forme une trop forte
enflure dans cette partie du corps où elle
reste pour être digérée, et elle empêche ce
sepent colossal de ramper sur la terre. On
m a dit que des nègres en ont été dévorés
et )e suis assez disposé à le croire ; car si '
lorsque la faim le presse, un homme se
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trouvoit à sa portée, il le saisiroit certainement
comme toute autre proie.
» Je suis porté à craindre que sa chair,
qui est très - blanche et semblable à celle
d'un poisson, ne soit pernicieuse pour l'es^
tomac. Tous les nègres en mangèrent sans
répugnance; mais je remarquai une sorte
de mécontentement parmi les soldats de
marine qui m'accompagnoient, de ce que
} avois laissé prendre leur chaudière pour la
cuire. La morsure de ce serpent n'est pas
regardée comme venimeuse, et l'on dit qu'il
ne mord que lorsqu'il a faim.
)> Je fis clouer la peau de ce serpent
aboma au fond du canot, et je la couvris
de cendres afin d'empêcher la corruption ;
puis je l'envoyai à un de mes amis à Paramaribo
, qui ensuite la fit passer en Hollande
comme un objet très-curieux ».
Le voyageur Levaillant a rapporté de
Surmam, sa patrie, plusieurs espèces de
boas très-remarquables, et j'ai trouvé parmi
eux un jeune individu que je regarde comme
le même que le boa aboma figuré par Stedman.
Il ressemble beaucoup par sa forme
et par ses écailles au boa devin qui vit en
Afrique. 3a longueur totale est d'un pied
cinq pouces six lignes.
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