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62 OBSERVATIONS
il fait entendre parses sifflemens et le bruit
très-accéléré de ses grelots, l'envie qu'il a
de se venger. Alors, malheur à l'homme ou
à ranimai qui se trouve à sa portée! Jamais
il n'attaque s'il n'est provoqué ; avec un naturel
doux et pacifique, il semble que la
Nature ne lui ait donné des armes si terribles
et si dangereuses que pour pourvoir
à sa subsistance uniquement, et pour se
défendre. Sa morsure , depuis le moment
qu'il paroit au grand jour jusqu'en juillet,
ne produit pas des accidens bien funestes.
On a remarqué, et cette observation n'a
pas échappé aux indiens qui me l'ont confirmée,
que depuis juillet jusqu'au moment
où il est prêt d'entrer dans son quartier
d'hyver, tems de l'année où il mange le
plus, elle est terrible et quelquefois morteJle.
On sait que tous les serpens en général se
retirent aux approches de l'hyver, suivant
la nature du sol ou la température des lieux
qu'ils habitent, ou sous des amas de grosses
pierres, ou dans des trous pratiqués en lerre
par d'autres animaux, dans le voisinage du
courant d'une source (]). Le boiquira pré-
(i) Quelquefois ils hyvernent aussi dans des trous
d'arbres comme les loirs , ou sous des racines et dans
des souches en partie réduites en terreau. F. M. .D.
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SUR LES SERPENS. 55
fère les lieux voisins des eaux de source. On
ne sera peut-être pas fâché de trouver ici
mie description des différens sites où nous
en avons rencontré. Nous fouillâmes plusieurs
trous pratiqués sur les bords de la
rivière Maurice; tous étoient tortueux et
correspondoient à une chambre distante de
l'entrée de six à huit pieds-c'est là qu'immédiatement
posés au dessus de l'eau courante,
on les voit en pelotons et entreJacés
ensemble sans mouvement. Notre conducteur
nous mena ensuite dans un fond marécageux
, et couvert d'une quantité prodigieuse
de sphagnumpalustre, espèce de mousse dont
les tiges avoient dix à douze pouces d'élé-
Tation. Ayant soulevé cette mousse, dont
l'extrémité étoit saisie par la gelée, qui étoit
si forte, qu'elle avoit pénétré la terre nue
jusqu'à la profondeur de douze à quinze
pouces, nous aperçûmes plusieurs boiquiras
qui rampoient lentement entre les racines
des arbres, immédiatement au dessous de la.
mousse et sur un terrain fangeux, arrosé
d'une eau courante, et nullement attaquée
par la gelée. J'observerai en passant que ce
fait me paroît susceptible d'être recueilli par
íes hommes qui s^occupent de la culture :
ils pourroient faire usage de cette mousse
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