O B S E R V A T I O N S
pour la conservation des plantes délicates et
sujettes à être atteintes par les gelées.
lia Nature semble avoir assigné aux serpens
le même tems de repos que celui auquel
sont assujettis les arbres et les plantes
des climats froids et tempérés. Il est bon
d'observer que c'est toujours avant Téquinoxe
d'automne qu'ils se réfugient dans leur
retraite hyémale, après avoir changé de
peau ; et qu'ils n'en sortent qu'après l'équinoxe
du printems. Alors, semblables aux
végétaux qui se dépouillent en automne des
feuilles et des fleurs dont ils étoient parés
au printems, et qui, après avoir passé ce
tems de nullité auquel ils sont condamnés,
n'en reparoissent que plus beaux et plus
brillans pour remplir la loi universelle de
la Nature, la reproduction; ils se dépouillent
de nouveau. C'est encore à l'une, et peutêtre
à chacune de ces deux époques, que
les serpens vivipares, à crochets percés et
venimeux, renouvellent ces sortes de dents
canines, si on peut les appeler ainsi : j'en
juge parla quantité de ces dents que nous
avons trouvées. J'ai même lieu de présumer
que leurs sonnettes tombent non
pas tous les ans j mais au bout de plusieurs
années. En effet, dans le nombre des boi-
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quiras que nous avons vus, il s'en est trouvé
4e très-gros qui n'avoient que deux ou
trois aoneaux à la queue; d'autres beaucoup
plus petits qui en portoient sept à huit, et
nous avons ramassé plusieurs de ces sonnettes
isolées qui indiquent assez qu'elles
sont les dépouilles de ces reptiles.
On a beaucoup, et très-diversement écrit
sur la manière dont les serpens se saisissent
de leur proie; lés Uns leur attribuent une
sorte de pouvoir magique, dont l'effet est
de charmer et d'enchanter les animaux qu'ils
fixent; d'autres, moins partisans du merveilleux,
prétendent qu'ils leur inspirent une
frayeur excessive, et que ceux-ci, comme
étourdis et ne sachant plus ce qu'ils font,
vont, viennent de coté et d'autre, fuient,
reviennent, et finissent par se précipiter
dans le goufre qui les engloutit (i); d'autres
(r) On donne en général l'épilhète de merveilleu:t
à tous les faits dont on ne peut se rendré compte par
aucun raisonnement satisfaisant , et à tous les phénomènes
qui sont trop extraordinaires pour (ju'cn puisse
en connoître la cause ; tout lé monde sait qu'il existe
un très-grand nombre de faits qu'on ne peu! expliquer
dans toutes les sciences naturelles. Il rne paroît à peu
près prouvé, d'après un grand nombre d'observations
faites par de« voyageurs éclairés,que les serpens peuvent
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