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SB OBSERVATIONS
que j'ai fait parmi la nation indienne Tchariokée,
appelée par corruption Chérochée, et
par quelques-uns Chéroquoise, j'ai eu l'occasion
de voir, dans un sentier que je suivois
en herborisant, un boiquira ou serpent à
sonnettes. L'ayant aperçu de loin, je m'approchai
le plus doucement possible; mais
quelle fut ma surprise quand au moment
où j'avois levé le bias pour pouvoir le
fiapper, après avoir fait quelques pas de
plus, je le vis s'agiter en faisant résonner
ses sonnettes, au même moment ouvrir une
large bouche et y recevoir cinq petits serpens
de la grosseur à peu près d'un tuyau,
de plume. Surpris de ce spectacle inattendu ,
je me retirai de quelques pas et me cachai
derrière un arbre. Au bout de quelques
minutes, l'animal se croyant, ainsi que sa
progéniture, à l'abri de tout danger, ouvrit
de nouveau sa bouche, et en laissa sortir
les petils qui s'y étoient cachés. Je me remontrai
: les petits rentrèrent dans leur
retraite, et la mère, emportant son précieux
trésor, s'échappa à la faveur des herbes dans
lesquelles elle se cacha. Ce fait m'avoit été
assuré par plusieurs planteurs d'Amérique.
J'avoue que je n'y avois pas ajouté une
SUR LES SERPENS. 67
grande confiance; mais depuis mon départ
d'Amérique il a été de nouveau vérifié ,
ainsi que ïe porte la note précédente, par
Guillemart, voyageur anglais.,
Ce fait important est sans aucun doute le
même que celui si mal interprété par les
anciens, et qu'on voudroit encore noiis prér
senter comme une exception monstrueuse
à la l<?i générale que subissent impérieusement
tous; les êtres vivans. Il se trouve aujourd'hui
constaté d'une manière positive,
et nous avons heu de croire que de noù-^
Telles observations et les recherches des
voyageurs iui donneront bientôt une authenticité
:compîette, s'il en àvoi-t besoin. Alors
renonçant au merveilleux et à la prévention
pour se rapprocller des causés simples et
iiaturelles9 on cessera de croire que, sciemment
et volontairement, des femelles puissent
dévorer leurs petits,- en vain ¿ifera-t-oii
des exemples de quelques chattes çu d'autres
animaux qui , dans Télat de domesticité ;
mangent le fruit dé leurs amours. Ces ex^
ceptions extra - naturelles , dont nous ne
soupçonnons peut-être pas même encore la
vraie cause , rie pourroient jamais être mises
en opposition avec cette tendre sollicitude,
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