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Les verroteries ronge - foncé sont seules recherchées ; on ne
(ait aucun cas de celles qui sont d’une antre couleur. On attache
un grand prix au drap d’Lurope. Les feniines aiment beaucoup
les miroirs ; elles en demandent toujours ; quand elles en ont ,
elles les portent constamment avec elles, et s’y regardent jiresqu’à
chaque instant.
On jouit dans ces iles de la même sûreté cpie dans les pays
civilisés de l’Lurope; nous avons souvent dormi à terre dans les
cabanes des habitans. Plus de deux cents étrangers Américains
et Anglais vivent dans cet archipel ; les insulaires leur témoignent
beancoiq) de considération; quelques-uns n’y font qu’un séjour
assez court, d’autres y restent soit pour servir d’interprètes aux
bâtimens qui arrivent, soit pour les approvisionner; d’autres n’y
viennent que pour aller dans d’autres pays dn monde; car on y
trouve presque toujours des navires destinés pour la còte nord-
ouest et même pour tout le continent de rAméricjne ; pour les
Philippines et pour C;mron.
Les maisons sont commodes et propres, sur-tout celles des
femmes ; elles sont construites en claies , recouvertes en haut et
sur les cckés d’herbe sèche , enduite de terre. Une fenêtre sert
cà donner de l’air plutôt que du jour; les portes sont très-basses.
Les nicaisons sont toujours dirigées du nord-est au sud-ouest.
Les insulaires aiment extrêmement le combat de la lance; ils la
jettent et la parent avec beaucoup d’adresse, en se baissant et
se jetant de côté , ou en sautant suivant que la circonstance
l’exige; quelquefois même ils saisissent la lance qui vient vers
eux, et la jettent à leur adversaire.
Le r" ( 12 ) décembre, nous avons levé l’ancre, salué le pavillon
du roi Tamméaméa de sept coups de canon, cpii furent
rendus coup pour coup, et quitté les iles Sandwich avec l’espoir
d’y revenir.
L ’on apprit, l’année dernière ( 1820) , par une lettre de M. Ri-
cord , gouverneur du Kamtchatka, la mort de Tamméaméa.
« Cet homme extraordinaire, dit M. Ricord , semblait destiné
par la Providence à tirer ses compatriotes de l’ignorance et de
la barbarie , en introduisant parmi eux les connaissances, les
arts et la civilisation de l’Lurope et de l’Amérique. Ce fut au mois
de mars 1819 qu’il moui'ut , à Ova ïhy, après une maladie de
quelques jours. Peu de temps auparavant, un phénomène extraordinaire
avait en lieu dans cette ile. Les eaux de 1 Océan y étaient
montées à six pieds , puis redescendues, en un certain nombre
de minutes , pendant trois heures , et avec tant de régularité et
de tranquillité, que ni les bâtiments mouillés dans le p o r t , ni
les maisons situées sur la côte, n’en éprouvèrent aucun dommage.
Par l’effet d’une superstition naturelle à tous les peuples sauvages,
les insulaires regardèrent ce phénomène comme le présage de la
mort prochaine de leur roi.
Tamméaméa sentant approcher sa fm , avait fait rassembler
autour de lui les chefs des iles qui lui étaient soumises; il les
exhorta à maintenir religieusement ses institutions ; « Nous en
(C sommes redevables, leur dit-il, aux hommes blancs ([ui nous
« ont visités , et à ceux qui vivent au milieu de nous ; je vous
« invite à les respecter plus que tout antre habitant de nos iles;
« à regarder leurs propriétés comme sacrées ; .à les laisser jouir
« de tons les privilèges et de tous les avantages que je leur ai
« accordés. » Lnsuite il nomma pour son successeur Rio-Rio, son
fils, âgé de vingt ans, et lui lit prêter serment en cette qualité
par les chefs réunis; mais il recommanda à sa femme d avoir
soin de lo i , <à cause de sa ¡eunesse, la créant ainsi, pour un temps,
régente de ses états. Quelques heures après, il expira.
Conformément à l’usage du ])ays , la personne reconnue comme
devant iiéiiter de fantorité suprême, est obligée de quitter le
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