meats lorsqu’il pleut pour ne pas se mouiller. La cliair, que
l’on fait sécher, est ilnre ; c’est une bonne nourriture pour l’Inver;
on l’envoie dans l’archipel ties iles Aléoutiennes pour l’approvisionnement
des matelots de la compagnie. Les jeunes sont très-
tendres et ont le gont de poisson. Lorsqu’on veut les prendre,
il suffit de rassembler nn certain nombre de personnes armées
de bâtons; elles chassent les vieux et peuvent s’enq^arer des jeunes
très-làcilement. Lorsque nous visitâmes les îles Kotoviya, nous en
abattîmes plus de cinquante en moins d’une demie heure. On
prend aussi sur l’ile Saint-Georges beaucoup de renards dont la
fourure est très-estimée.
On ramasse dans les rochers une quantité prodigieuse d’oeuls,
dont les navires qui arrivent font provision; nous en prîmes plusieurs
barils; ils se conservent très-bien dans fhuile où on les
met. Le magasin de Saint-Georges était beaucoup mieux pourvu
que celui d’Ounalaclika. La communication de cette île avec
Sitka et Saint-Paul est beaucoup plus régulière qu’entre ces postes
et Onnalachka.
Nous n’avons pas tardé à quitter Saint-Georges et nous avons
Inentôt aperçu Saint-Paul ( lat. nord, 5f ] long, ouest, 169%
43’ , de Greenwich) ; mais le calme ne nous permit que le 21
de nous en approcher à six milles. Il y a sur cette ile un établissement
très-bien entretenu. C’est celle qui rapporte à la compagnie
le revenu le plus considérable et le plus régulier. Le rivage
est couvert de troupes innombrables d’ours marins ; on ne les
tue qu’aux approches de fhiver, parce qu’alors le poil est plus
épais et plus fort, et de couleur plus foncée.
L’ours marin, en russe kotik, se trouve sur toute la côle occidentale
de l’Amér ique, depuis le cap Horn et le détroit de Magellan
jusqu’aux iles Aléoutiennes, et même jusqu’au 58' degré
de latitude nord.
Le mâle est environ d’un demi-pied plus petit que le lion mar
in , et d’une couleur qui passe au rouge bnin. En général il
re.ssemble beaucoup au lion marin; mais il est plus agile et plus vif,
attaque souvent les hommes et est d’un naturel jaloux. D’après
ce que diseni les Aléoutes et les employés de la compagnie russe
américaine, chaque mâle n’aurait jamais moins de vingt-quatre
et jamais plus de vingt-cinq femelles. Le mâle grimpe ordinairement
sur un rocher pour veiller à la sûreté de sa famille.
La femelle est petite au point qu’il y a disproportion entre
elle et son mâle, ([ui est plus grand de moitié au moins; elle
ressemble an phoque ordinaire; sa peau est grise à l’extrémité de
ses poils, et a un éclat argenté.
Les femelles mettent bas au mois de juin, et font communément
deux petits tous les ans. Lorsque le poil est devenu fort
et beau, et que les jeunes sont devenus grands, on tue des milliers
de ces femelles; mais on épargne les mâles, attendu que la peau
des premières fait seule un article important de commerce avec la
Chine. Chaque peau se paie deux [)iastres.
Les navires américains de Boston, New-Yorck, etc., visitent
toute la côte d’Amér ique, et rassemblent souvent plus de 5o,ooo
de ces peaux. Il parait qu’autrefois les Américains tuaient un
grand nombre de ces animaux près de file Juan-Fernandes, tandis
qu’à présent on en trouve à peine en ce lieu ; mais on en tue
encore beaucoup au détroit de Magellan. Il parait que la compagnie
russe américaine a tué de 3o à 40,000 de ces animaux
dans un an, seulement aux deux iles Saint-PanI et Saint-Georges;
mais dans les dernières années on pouvait à peine s’y en procurer
2000, ])arce que il y a quelques années on tua sans exception,
et à chaque saison, toutes les femelles pleines.
Comme on ne peut pas sécher en peu de temjjs une grande
quantité de peaux l'raiches. on les sale, parce que les navires